Un pionnier australien disparaît
Peter Lehmann, qui a laissé une entreprise et une marque homonyme, est décédé, le 28 juin 2013, dans un hôpital de la région d’Adélaïde, au sud de l’Australie. Il avait 82 ans. Son fils, Doug, qui lui a succédé dans son entreprise, rachetée dans des conditions rocambolesques par le Suisse Donald Hess, a déclaré qu’«en 82 ans, (son père) avait eu plus de neuf vies !».
Fils de pasteur d’origine allemande, comme de nombreux émigrés et pionniers de la Barossa Valley, il avait débuté comme caviste à Yalumba, un domaine réputé. En 1959, il devint œnologue du groupe Saltram, pour lequel il travaillera 20 ans. Lors d’une crise économique du vin australien, à la fin des années 1970, il préféra choisir le camp d’une centaine de fournisseurs réguliers de vendanges, lâchés par la société qui l’employait, et monta, en 1980, sa propre cave pour mettre en valeur les raisins de ces viticulteurs.
A Barossa Valley, J.-M. Amez-Droz (à g.) et Doug Lehmann (mars 2008).
Peter Lehmann avait été décoré de l’Ordre d’Australie et avait reçu, en 2009, le prix de l’International Wine Challenge pour sa carrière. On l’avait rencontré sur place, en mars 2008, où, avec Jean-Marc Amez-Droz (en photo avec Doug Lehmann) et Thomas Vaterlaus. On avait été reçu à dîner à la maison, où son épouse, Margaret, tenait le haut de la table. Outre Doug, revenu dans la maison familiale, Peter Lehmann a deux autres fils, David et Philipp, et une fille, Libby.
Il y a 10 ans, en octobre 2003, le rachat de Peter Lehmann par le groupe suisse Hess avait fait sensation. «La victoire de David contre Goliath», savourait récemment dans une interview, Donald Hess, 77 ans. Selon une dépêche d’époque, «Le 14 octobre 2003, la direction de Peter Lehmann a recommandé aux actionnaires d’accepter la dernière offre de Hess, qui propose de racheter chaque action pour 4 dollars cash. Cette offre valorise Peter Lehmann à environ 150 millions de dollars australiens (120 millions de francs suisses). La veille, Allied Domecq avait annoncé qu’il se retirait de la course et qu’il revendait à Hess sa participation dans Peter Lehmann (14,5 %). Hess avait fait la première offre de rachat de Peter Lehmann en août 2003. Allied avait surenchéri en septembre, mais Hess avait fait une nouvelle offre qui avait les faveurs de la direction de Peter Lehman.»
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