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Posted on 21 septembre 2015 in Actus - News

L’IVV s’oppose à l’Etat  Bras de fer dans le vignoble valaisan

L’IVV s’oppose à l’Etat
Bras de fer dans le vignoble valaisan

On se croirait revenu au bon vieux temps des bringues entre vignerons. Mais cette fois, c’est l’Interprofession de la vigne et du vin du Valais, dans une lettre signée par les principaux acteurs de la vitiviniculture du Vieux-Pays, qui s’oppose à l’Etat du Valais.

Par Pierre Thomas

Le communiqué de l’IVV est signé d’Yvan Aymon, son président, du représentant des négociants, Claude Crittin, du président de la Fédération des vignerons, Pierre-Antoine Héritier, du président de l’Union des vignerons-encaveurs, Thierry Constantin, et du président de la coopérative Provins-Valais, Pierre-Alain Grichting. Il confirme l’opposion de l’IVV à la révision proposée par le Département cantonal de l’agriculture. Selon l’IVV, «la plupart des modifications ne tiennent pas compte des réalités œnologiques et agronomiques de la branche». Cette révision «balaie la majorité des mesures inscrites dans la stratégie Viti Horizon 2020». L’IVV va diffuser son propre projet d’ordonnance, mais ne le communique pas.

Une animosité déjà au printemps

Dans un communiqué daté du 8 septembre, le Gouvernement valaisan informait qu’il mettait en consultation des modifications pour renforcer le contrôle des vins AOC Valais, «coordonnées avec les démarches en cours au niveau fédéral». Il s’agit de «renforcer la traçabilité des vins du Valais de la vigne au verre» et de mettre en place «une base de données informatique» afin de «gérer l’ensemble du système de contrôle de manière intégrée».

Ce printemps, au micro de la radio TSR, dans un débat avec le conseiller d’Etat Jean-Michel Cina, en charge de l’agriculture valaisanne, on s’était déjà étonné des promesses de l’Etat de faire des propositions, sans  mentionner que la profession elle-même avait déjà entamé un processus. On sentait bien la tension entre les deux milieux, l’administration et la branche, qui devrait pourtant tirer à la même corde !

En 2006, le Parlement valaisan avait renvoyé aux oubliettes un projet d’ordonnance, tandis que la branche refusait les conclusions du rapport Viti 2015. Cette fois, c’est l’administration qui mettrait les bâtons dans les roues de l’IVV : en mai, le comité de l’IVV, sur demande de l’Etat, a fait des propositions de modification de l’ordonnance. Ce texte proposait «plus de transparence et de traçabilité sans péjorer le potentiel économique de la branche, ainsi que la mise en œuvre de la stratégie Viti Horizon 2020. Or, des 25 propositions de la branche, 21 ont été écartées par le Département en charge de l’agriculture.» Le projet d’ordonnance mis en consultation va «à contre-courant de la volonté de la branche et (est) non conforme à la prise de position du Conseil d’Etat», qui a dit, ces jours, soutenir Viti Horizon 2020.

AOC à deux vitesses «bottée en touche»

L’IVV avait notamment proposé une introduction des acquits de vendange par cépage, mais avec une tolérance de 10%, pour autant que les quotas soient respectés, toutefois sur la base globalisée par couleur (blanc ou rouge). Elle avait aussi proposé une révision de la pyramide des AOC, avec des AOC à deux vitesses. Cette proposition a été «bottée en touche, en attendant l’introduction par la Confédération des AOP pour les vins». L’IVV prétend que ce projet «ne se fera que dans 10 à 20 ans».

Dans sa réponse circonstanciée, point par point, qui tient en 24 pages, le Conseil d’Etat explique que rien n’empêche l’IVV de lancer des vins estampillés «Marque Valais – Wallis», avec un cahier des charges renforcé. Mais cet «upgrade» ne saurait signifier une «dégradation» de l’AOC générale, comme le réclament certains milieux vitivinicoles valaisans, contrés vertement par la plupart des «petits» vignerons-encaveurs. Au surplus, le Gouvernement rappelle que nombre de réformes de Viti Horizon 2020 étaient contenues dans le rapport Viti 2015, dont l’IVV elle-même n’a pas voulu, et que d’autres impliquent une modification du cadre fédéral des AOC (même si les cantons sont compétents pour les définir dans le détail et l’application). Berne devrait proposer à terme un système calqué sur l’Union européenne, avec une coexistence des AOP et des IGP, inconnues dans le système suisse actuel, qui a un coup de retard sur l’UE.

A voir cette nouvelle bisbille entre la branche et l’administration valaisanne, il serait urgent que Berne ait le courage d’imposer des «conditions cadres» des AOP-IGP pour tous les cantons. Car dans le canton de Vaud, habitué à négocier en grand secret avec l’administration et le Conseil d’Etat, officiellement, il n’y aurait pas de chantier ouvert sur la modification du Règlement des vins vaudois de 2009, malgré des appellations et des coupages régionaux fantaisistes et peu clairs pour le consommateur.

©thomavino.ch