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Posted on 5 janvier 2016 in Conso

Valais-Vaud-Suisse  Les chiffres d’un «millésime d’anthologie»

Valais-Vaud-Suisse
Les chiffres d’un «millésime d’anthologie»

Valaisans et Vaudois ont publié les chiffres de la vendange 2015 qu’on qualifie, à Sion, de «millésime d’anthologie», et à Morges, d’augure pour «des vins d’une qualité exceptionnelle qui devrait marquer les mémoires pour de nombreuses années». Seul (gros) bémol : en Valais, une récolte inférieure de 15,5% à la moyenne décennale et du côté vaudois, de 21,6% de la moyenne des récoltes de 2005 à 2014. Données croisées des deux plus grands cantons viticoles suisses, qui représentent avec près de 33  (VS) et 22 (VD) millions de litres, près des deux tiers (64,7%) de la récolte totale suisse de 85 millions de litres, en baisse de 9% par rapport à 2014.

Par Pierre Thomas, thomasvino.ch

En principe, les Valaisans et les Vaudois ne parlent pas le même langage : les premiers, comme tous les Suisses, calculent en kilos de raisin récoltés, les Vaudois les réduisent en moût, puis en vin clair. En divisant les kilos par 1.25, on devrait obtenir des litres… comparables. Ce qui veut donc dire que les Valaisans ont encavé 33 millions de litres de vin (32,78 pour 4’906 ha de vignes), soit 20 de rouge et 13 de blanc. Les Vaudois sont à moins de 22 millions de litres de vin clair (21,8 ppour 3’771 ha), dont 15,5 de blanc et 6,4 de rouge.

Chez les Vaudois, le chasselas représente 66,4% du volume encavé, soit 10,3 millions de litres, et chez les Valaisans, 6,3 millions de litres. Ou «plus que» 6,3, puisque le fendant est en fort recul chaque année depuis plusieurs millésimes, et notamment de 13% par rapport à 2014. Par rapport à 2014, en Valais, tous les cépages sont en recul de quantité. A une seule exception : la petite arvine, qui passe de 1,5 mios de kilos à 1,8 mios de kilos, tandis que le païen repasse sous la barre du million de kilos, dépassée en 2014. A Sion, on indique que, «parmi des vins blancs magnifiquement équilibrés, tout en opulence et en fraîcheur», «la puissance et la force de la petite arvine sur ce millésime solaire révèlent des notes de pamplemousse et d’agrumes mûrs.»

Le chasselas vaudois plus riche que le fendant !

Puisqu’on parle de qualité, le Valais évoque officiellement des «vins époustouflants» tant en blancs qu’en rouges, dont le bouquet intense fait ressortir «des arômes de fruits noirs et rouges bien mûrs saupoudrés d’épices. Puissante, généreuse et concentrée, la bouche se déploie sur une structure solide, soutenue par des tanins enrobés et soyeux.» Pourtant, les sondages, en Valais sont «légèrement supérieurs à la moyenne décennale», avec un joli saut pour le chasselas à 83,6° Oechslés (+ 4 ° sur la moyenne).

Cépage majoritaire sur terroir vaudois, le chasselas dépasse en moyenne le fendant, à 84,74° Oechslés ! Depuis 2005, il n’a passé sur la barre des 80° qu’une fois, en 2009, et est resté sous les 75 en 2014, 13, 08, 07 et 06… Ces sondages moyens sont comparables à 2003 et 2009, voire aux «années mythiques 1945 et 1947». Selon l’Office cantonal de la viticulture et de la promotion, on a obtenu «des vins comportant une belle acidité malgré les hautes températures qui ont favorisé une teneur particulièrement généreuse en sucre naturel». Cette haute teneur en sucre du chasselas fait que 77% de la vendange a atteint le seuil qualitatif du «grand cru» ! Les 1ers Grands Crus représentent 1,2% du chasselas (178’747 litres).

Le merlot dans le «top ten»

Dans le vignoble vaudois, derrière le chasselas (66,4%), figurent le pinot noir (10,37%) et le gamay (9,23%), tandis que les autres rouges totalisent 9,72% et les autres blancs moins de 5% (4,27%). Tout confondu, y compris 600’000 litres de moût, le chasselas mène la danse des cépages avec 14,5 mios de litres, devant le pinot noir, 2,2, le gamay, 2, le gamaret (691’000 litres), le garanoir (622’000). Les autres cépages sont sous les 500’000 litres, soit le merlot, 6ème, avec 231’000 litres, devant le chardonnay, 202’000, le pinot gris, 167’000 litres, le doral, 149’500, et le galotta, 103’000 litres. Tous les autres sont inférieurs à 100’000 litres.

En Valais, c’est le pinot noir, avec 10,2 mios de litres, qui figure largement en tête, devant le chasselas, 6,3 mios, le gamay, 3,7, le sylvaner (johannisberg), 2, la petite arvine, 1,5, puis la syrah, 1,2, et l’humagne rouge, 1, qui dépassent le million de litres. Le cornalin, 870’000 litres, devance le merlot (10ème), 786’000 litres, le savagnin blanc (heida-païen), 743’000 litres, le diolinoir, 715’000, le gamaret, 561’000, l’amigne, 257’000, la marsanne, 253’000, le muscat, 212’000 et l’humagne blanc, 198’000 litres. Suivent, pinot blanc, les deux cabernets (le franc devant le sauvignon), l’ancelotta, le sauvignon blanc et le garanoir, tous entre 100’000 et 166’000 litres.

En Valais, le rapport annuel donne le nombre d’acteurs économiques : 83 commerces de vin (ils étaient encore 100 en 2007), au sens de la législation, et, pour la première fois, les vignerons-encaveurs sont moins de 400 (390 exactement — ils étaient encore plus de 500 en 2007). De son côté le «Service vaudois de l’agriculture et de la viticulture», nouveau nom… et acronyme: SAVI, parle de «600 enseignes» et de 3’000 emplois dans ce secteur du 2ème canton viticole de Suisse.

Des «crus» à périmètres variables

Et quelles sont les principales communes viticoles valaisannes ? Chamoson est toujours en tête avec 410 ha, devant Sion, 402 ha, Conthey, 345 ha, Fully, 320 ha, Savièse, 281 ha, Sierre, 265 ha, Leytron, 248 ha, Salquenen, 194 ha, Saillon, 184 ha, Saxon, 163 ha, Vétroz, 162,7 ha, Ardon, 158 ha et Ayent, treizième à plus de 150 ha. Sur l’étiquette, le nom de la commune valaisanne, quand elle figure en bonne et due forme, a une plus grande importance que dans le canton de Vaud, où les «lieux de production» peuvent être assemblés au vin de l’AOC régionale. Huit ex-AOC villages — ces «lieux de production» — dépassent les 150 ha, soit Morges, nettement la plus large avec 603 ha, Nyon, 268 ha, Mont-sur-Rolle, 254 ha, Bonvillars, 188 ha, Féchy, 177 ha, les Côtes-de-l’Orbe, 173 ha, Epesses, 169 ha et Yvorne, 158 ha. Si on parle de «commune politique», Bourg-en-Lavaux (fusionné!) mène largement la danse avec 264 ha (1,6 mio de litres), devant Yvorne, 152 ha (730’000 litres), Gilly, 147 ha (940’000 litres), Mont-sur-Rolle (910’000 litres) et Aigle (730’000 litres), toutes deux à 130 ha et six autres à plus de 100 ha. Quant aux 1ers Grands Crus, les 178’747 litres de chasselas se répartissent sur 13 communes, de Bougy-Villars (lieu de production Féchy !) à Yvorne, et les 4’060 litres de merlot, seul autre cépage agréé et seul rouge donc, entre Perroy, Villeneuve et Yvorne.

Tel s’exprime en chiffres le millésime 2015 : il ne reste plus qu’à le goûter !

©thomasvino.ch