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Posted on 19 novembre 2017 in Vins suisses

Lauriers de Platine Terravin : un Aigle s’impose

Lauriers de Platine Terravin : un Aigle s’impose

Les raisins viennent bien du Chablais, mais le producteur est de Lavaux : c’est l’Aigle Grand Cru 2016 vinifié au Domaine d’Aucrêt par Michel Blanche et ses collaborateurs qui s’est imposé, lors de la dixième édition des Lauriers de Platine de Terravin réservés aux chasselas vaudois 2016.

Par Pierre Thomas

Pour cette dixième édition, trente-deux dégustateurs de toute la Suisse se sont retrouvés à Crissier pour juger seize vins, choisis par la commission technique du label parmi les «coqs» des dégustations. Cette année, 1121 vins provenant d’autant de cuves ont été dégustés, avec un taux de réussite de 70%, chez 177 producteurs. Plus de 2,5 millions de vignettes distinctives en or «Terravin» ont été vendues.

La Côte minorisée… pour une fois

Dans une année difficile et tardive comme 2016, La Côte, victorieuse une fois sur deux sur dix ans de «superfinale», n’était présente qu’avec deux vins, le Chablais avec trois vins, face à Lavaux avec 7 vins, plus deux Dézaleys Grand Crus et autant de Calamin. Pourtant, dans le dernier carré figuraient un seul Lavaux, un Villette de Jean-Daniel Porta – qualifié au meilleur score de sa série, 3ème, au détriment du 2ème de la 2ème série, le St-Saphorin d’Hautcrêt -, un La Côte, le Féchy Les Délices de Pierrot de P.-L. et Thierry Molliex, face à deux Chablais, un Yvorne Grand Cru des Celliers du Chablais et l’Aigle Grand Cru du Domaine d’Aucrêt, Et c’est ce dernier qui l’a emporté, par 22 voix contre 10 au Féchy, lui-même victorieux en 2013.

Le carré final.

Le vainqueur a obtenu la meilleure moyenne des huitièmes, puis des quarts, des demi-finales et de la finale : belle constance ! Les deux finalistes ont passé trois tours, où ils se sont qualifiés à la meilleure moyenne, avant de se retrouver en duel en finale, évidemment à l’aveugle. On a trouvé le vainqueur du jour, au premier tour, d’une facture très classique, avec du carbonique —  consubstantiel du chasselas vaudois —, équilibré en goût, ni trop acide, ni trop doux, puis, en finale, d’une plus grande structure, plus gras, plus long et complexe que son dauphin.

Le jury et les quatre représentants du dernier carré se sont retrouvés pour un repas chez B. Violier, où Brigitte Violier et Franck Giovannini, parrains du trophée, ont reçu le premier panonceau d’excellence attribué à un établissement vaudois par le conseiller d’Etat Philippe Leuba.

Mme et M. Blanche et Pierre Monachon, président du label Terravin.

Un vigneron aussi distillateur

Cet Aigle Grand Cru est né dans la cave de Michel Blanche, 65 ans depuis cet automne, sur un domaine qui appartenait aux moines de Aucrêt, parmi les premiers à déficher la vigne sur ces coteaux du Léman, il y a neuf siècles. Connu comme distillateur, autant pour ses propres alcools — telle une vodka suisse ! — qu’à façon, Michel Blanche, «propriétaire-vigneron», a arraché récemment des arbres fruitiers sur 3,5 ha des 15 ha autour de la cave, sur les hauts de Cully, au-dessus de l’autoroute, remplacés par de la vigne. Il possède une dizaine d’hectares à Lavaux, en Dézaley, en Calamin, à Epesses et à Saint-Saphorin (également qualifié pour ces Lauriers de Platine) et 2,5 ha de vignes louées, et produit quelque 100’000 litres de vin par an. A Aigle, la parcelle qui a donné le vainqueur fait 8’000 m2 pour 10’000 bouteilles vendues 17 fr.. A Aucrêt sont aussi encavés des raisins provenant de parcelles en Valais. A côté de cépages traditionnels, Michel Blanche a planté des variétés résistantes comme le cabernet Dorsa, le Maréchal-Foch et le Solaris. Aidé par un chef de culture et un jeune caviste, il dit soumettre ses vins à la commission du label Terravin «comme contrôle externe de ce que nous faisons».

Outre le Domaine d’Aucrêt, Louis-Philippe Porchet avait réussi à placer deux Dézaleys Grands Crus, comme la Famille Fonjallaz (Toni et Agathe Fonjallaz), avec un Calamin Grand Cru et un Epesses. La Bourgeoisie de Fribourg, avec un Riex Grand Cru, et la Ville de Payerne, avec un Villette, et l’Association viticole de Villeneuve, avec un Grand Cru local, figuraient dans cette finale, avec Jean-Daniel Coetaux, avec un Yens Grand Cru, Jean-François Chevalley, avec un Calamin Grand Cru et Alexandre Chapuis avec Saint-Saphorin Grand Cru.

Grand Cru n’est pas 1er Grand Cru !

Ces Grands Crus sont des AOC à 90% du village mentionné sur l’étiquette, qui échappent au coupage 60% – 40% autorisé quand un village est en AOC régionale. Il ne faut donc pas les confondre avec les 1ers Grands Crus, une «spécialité» vaudoise, soumise à dégustation probatoire chaque année.

Cette année (au 10.11.17), 24 chasselas avaient passé cette épreuve pour le millésime 2016 dont, pour les plus récents admis dans cette catégorie, Les Cottes, d’Antoine Nicolas, du Domaine de Serreaux-Dessus, à Begnins, le Château Saint-Vincent, de Guy Rolaz, à Gilly, Au Brez, des frères Kursner, à Féchy, et le Château de Montagny, des frères Dizerens, à Villette.

De ces 1ers Grands Crus, 13 sont situés à La Côte, 6 au Chablais et 5 à Lavaux (dont un seul Dézaley). Trois rouges, tous des merlots des domaines Hammel, l’Apicius du Clos du Châtelard, le Domaine de Crochet, et le Clos de la George, du millésime 2015, sont les seuls rouges à s’ajouter aux 24 chasselas.

Paru dans Hôtel et Gastronomie Hebdo du 29 novembre 2017.

©thomasvino.ch