Bonne bouche: La marque d’un grand cru
Quand vous lirez ces lignes, l’Interprofession viti-vinicole neuchâteloise se sera (peut-être !) entendue sur un règlement à l’appui de la «dénomination grand cru». Depuis ces dernières années, la plupart des encavages neuchâtelois proposent des «sélections parcellaires» de pinot noir. Dans quelles conditions deviendront-elles «grands crus» ?
Coordinateur scientifique des «Climats bourguignons», inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2015, le professeur Jean-Pierre Garcia, dans le magazine Bourgogne aujourd’hui (no 153), explique que «la notion de lien entre le goût d’un vin et d’un lieu date de l’Antiquité et il aura fallu attendre longtemps pour qu’elle réapparaisse». En Bourgogne, ce lien a failli disparaître au profit du nom des négociants, de la marque, au XIXème siècle. Avec le retour du «parcellaire», c’est la réhabilitation d’«un lieu de petite taille, délimité et planté en vignes, identifié au vin qu’il produit».
Piloté par Benoît de Montmollin, 36 ans, ce grand domaine neuchâtelois d’Auvernier propose plusieurs pinots noirs tirés de ses 47 hectares. Dès 2019, les vins sont certifiés «bio bourgeon» : c’est même le plus vaste domaine de Suisse cultivé en bio ! Une majorité de pinot noir s’écoule en œil-de-perdrix rosé. Les rouges sont vinifiés en fonction du lieu d’où ils viennent, séparément. «On fait tout ce travail et on ne le met pas en évidence», déplore le jeune vigneron, défenseur d’une définition légale des grands crus.
Nec plus ultra du domaine, ce vin est issu d’une seule parcelle de vieilles vignes de 45 ans. Il passe 24 mois en fûts de chêne neufs de chauffe légère, pour éviter la sensation de «toasté». Sur 2017, ce rouge éclatant est dense, concentré, sur des fruits plus noirs que rouges, ample en bouche, puissant, taillé pour une garde de dix ans et plus. Un jour, ce «Haute Couture» sera peut-être passé de… mode, mais élevé au rang de grand cru.
L’étiquette : Pinot noir «Haute Couture» 2017
Le prix : 48 fr.
L’adresse: www.domainedemontmollin.ch
Paru dans le magazine encore! le 28 mars 2021
©thomasvino.ch