Concours des vins suisses: Vinea et Vinum croisent le fer
Il faut toujours se méfier des communiqués de presse balancés le vendredi soir sur le coup de 18 h., quand plus personne n’est là pour répondre à vos questions… C’est ce qui m’est arrivé, le 10 mars, le lendemain du salon «Vinea on tour», à Fribourg, où je m’étais rendu. Concrètement, le Zurichois Jonas Etlin, nouveau président de Vinea depuis l’an passé, et l’équipe du magazine zurichois Vinum se tirent dans les pattes et revendiquent tous les deux d’organiser un championnat suisse des vins. Gâchis national programmé !
Par Pierre Thomas
Si je m’étais méfié du coup, c’est qu’à Fribourg j’ai appris que le matin-même s’était tenue l’assemblée générale de l’Association Vinea. J’avais été, en son temps, bombardé «ambassadeur de Vinea», sur scène à la HES de Sierre. Puis le salon valaisan s’était empêtré dans des manières de communiquer peu orthodoxes, que j’ai réprouvées moult fois. Les gens passent (et trépassent), mais les mauvaises habitudes demeurent, apparemment. D’habitude, la presse était invitée à l’assemblée générale de Vinea. J’étais allé à celle d’Aigle, mais pas à Genève, l’an passé. Mais j’étais sur place, à 15 h, le jeudi 9 mars à Fribourg… sans avoir été invité le matin…
Le lendemain de cette assemblée, j’ai reçu, en même temps que l’agence AGRI, qui distribue à l’aveuglette les communiqués de presse agricoles romands, un communiqué de Vinea sur son «nouveau concours : Top of Swiss Wine» (TSW)». Avec ces – formidables – nouvelles : deux cépages de plus comme catégories (sans préciser lesquels, bien sûr…), six prix de champions régionaux désignés parmi les participants à ce concours réputé national, une cérémonie officielle pour sacrer la «cave suisse de l’année de TSW», à fin octobre. Non pas à Berne, mais à Lausanne !
Pas une ligne pour affirmer que ce «nouveau concours» remplacerait le Grand Prix du Vin Suisse (GPVS), organisé d’abord par Vinum puis conjointement par le magazine et Vinea. Toutefois, dans une réponse à mes questions posées par mail, le samedi matin, Jonas Ettlin me confirmait que «TSW remplace le GPVS. La dégustation aura lieu à Sierre en juillet et la remise des prix en octobre à Lausanne». Et d’ajouter que «les gagnants seront présentés dans une variété de médias, tout au long de l’année, et avec le soutien de Swiss Wine Promotion. (…) Le concours national du vin est fait par des producteurs pour des producteurs avec le savoir-faire et l’expérience de Vinea.»
En date du 24 mars, le magazine Vinum, qui s’était fait griller sur ce dossier, est sorti du bois. Dans un texte en allemand, pas envoyé aux journalistes qui suivent l’actualité du vin en Suisse, Vinum annonce la tenue du GPVS 2023, 17ème édition sous sa forme connue, telle qu’elle eût lieu avec Vinea. Le magazine met en avant «la marque GPVS» et annonce que les vins pourront être annoncés comme échantillons «à partir de la fin avril 2023». Le texte figure sur www.grandprixduvinsuisse.ch
Re-mail au Zurichois Jonas Ettlin, ce matin, après avoir lu sur le site www.gpvs.ch, qui renvoie à une bannière Vinea, sous la rubrique concours, que «les dégustations de la 17ème édition du GPVS se dérouleront à Sierre du 24 au 29 juillet 2023 et que le gala des vins suisses aura lieu le 26 octobre 2023 à Berne. Bonne chance à tous !» Réponse de M. Ettlin : «On est en train de terminer la collaboration entre Vinum et Vinea pour le concours des vins suisses. Vinum a décidé de créer une confusion en annonçant un GPVS 2023 organisé seulement par eux.»
On en est là, à la veille du 1er avril.
Et dire qu’au départ, le concours national rassemblait les meilleurs vins désignés dans des sélections régionales du printemps, puis dans une sorte de finale, pour désigner les meilleurs vins du pays en automne, par une remise des prix dans la principale région de consommation, la Suisse alémanique, Berne ou Zurich.
On est bien loin de cette vision nationale, quand on pense que le Top of Swiss Wine désignera des champions régionaux, en plus des nationaux, à Lausanne, certes dans la principale région de production…
Quelles incohérences accumulées en vingt ans !
©thomasvino.ch