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Posted on 30 août 2008 in Vins suisses

Vaud — Les Cruchon, une famille (bio)dynamique

Vaud — Les Cruchon, une famille (bio)dynamique

Domaine Cruchon, Echichens
Une famille (bio) dynamique
Les Cruchon d’Echichens célèbrent leur trentième vendange la semaine prochaine (le jeudi 4 septembre 2008). Ces fers de lance des vins vaudois se sont investis avec passion dans la biodynamie.
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Par Pierre Thomas

Tout le monde s’y met. Cet été, le magazine anglais The Observer relevait qu’une famille de célèbres consultants en vins du sud de l’Australie, les Paxton, venaient de faire leur «coming out». L’Australie, c’est loin… Mais la biodynamie, ça se passe aussi près de chez nous. Sur les hauts de Morges. Dans le caveau du village d’Echichens, entre l’église et le café, les Cruchon sont incarnés par trois générations : Henri, 76 ans, toujours à l’accueil et à la vente, Michel, 51 ans, le plus souvent sur son tracteur, Raoul, 48 ans, en cave, et sa fille Catherine, 21 ans, à mi-parcours de la formation HES en œnologie à Changins.
L’ambition et non la mode

Les Cruchon trichent un peu avec le calendrier : leur trentième vendange, ils l’ont encavée en 2006. Mais les cuvées haut de gamme de ce millésime, parmi 35 vins issus de 16 cépages, sortent de barrique cet automne. En 1976, quand Henri s’est séparé de son frère (de la Cave du Signal), il proposait quatre vins, dont une seule «spécialité», un Riesling x Sylvaner. Depuis, une douzaine d’autres cépages se sont ajoutés. Signe des temps, le Riesling x Sylvaner vient de disparaître. Et si Raoul parle souvent d’«ambition», il se méfie pourtant des «modes» : «On ne les aime pas trop. La Nature est sourde à la mode. Quand la vigne réagit, le vin est déjà démodé.» Les vins se sont démultipliés, à mesure que la surface cultivée passait de 2,5 ha et le double acheté en vendange, en 1976, à 12 ha en propre et le double en apport d’une vingtaine de fournisseurs, dont quatre importants (soit 250'000 bouteilles par an).
21 hectares cultivés en biodynamie

Sur ces 36 ha, soit une grande exploitation à l’échelle vaudoise et romande, 21 ha sont aujourd’hui en biodynamie. Esquissée dans les années 1920 par Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie, cette manière douce (sans produits chimiques de synthèse) de concevoir l’agriculture fait toujours plus d’adeptes. Raoul Cruchon n’a rien d’un «illuminé». Et c’est après des dégustations de vins bourguignons que ce grand amateur de pinot noir décide d’aller voir sur place, en 2000, comment se comportent des vignes en biodynamie.
Du bio ? Non, du bon !

Michel, le viticulteur, longtemps président de Vinatura, l’association suisse des vignerons en «production intégrée» (PI), confesse aujourd’hui qu’il «a de plus en plus de peine à entretenir la dualité» entre les deux systèmes. Sur 21 hectares, la biodynamie et ses préparations homéopathiques, à base de plantes (décoctions de prêle, d’ortie, d’osier), est exigeante. Trois équipes doivent traiter toutes les ceps le même jour, en respect du «calendrier lunaire». Douze traitement phytosanitaires et cinq «préparations», soit dix-neuf passages dans les vignes, sont nécessaires sur un cycle annuel. A la clé, «la vigueur a baissé et les vendanges en vert ne sont plus nécessaires», résume Michel. Le maître de chais Raoul renchérit : «Les raisins sont plus petits, il y a moins de jus et les peaux qui donnent de l’intensité aromatique aux vins sont plus épaisses. Notre motivation a toujours été au service de la qualité du vin. On ne veut pas que les gens viennent chez nous pour du bio, mais pour du bon!»
Des vins «tendus» et dynamiques

Verre en main, en blanc, les chasselas 2007 (de Préverenges, les crus Champanel et Les Pétoleyres), expriment un beau volume et une minéralité de pur «jus de terroir», le pinot blanc (le vin préféré de toute la famille !) et le chardonnay Noblesse, sont balancés entre une vinification discrète en fût, pour le premier, sans fermentation malolactique, et plus «tendue», en barriques, pour le second. En rouge, même démonstration de dynamique aromatique avec le pinot noir de Morges, le Servagnin 2006, à la personnalité encore rugueuse, le Gamaret 2007, d’une densité prometteuse, et une Syrah 2006 de Préverenges, édifiante dans son expression de poivre et de girofle. C’est le vin préféré de Catherine. Et qui sera en lice lors de la prochaine «grande dégustation» de 24 Heures (fin septembre 2008).
www.henricruchon.com
Article paru dans le quotidien 24 heures, le 29 août 2008