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Posted on 8 août 2009 in Vins suisses

Coment vendre Genève outre-Sarine?

Coment vendre Genève outre-Sarine?

Question à Martin Wiederkehr

Comment vendre Genève outre-Sarine ?

On le sait : deux tiers des vins suisses sont produits de Loèche à Genève, le long du Rhône et du Léman. Et deux tiers sont bus Outre-Sarine. Logiquement, la Cave de Genève SA s’est choisi un directeur zurichois, l’œnologue Martin Wiederkehr. Il a confié ses premières impressions à Pierre Thomas.
La Suisse romande, pour ce Zurichois de 45 ans, n’est pas tout à fait inconnue. Son apprentissage de vigneron, avant sa formation d’ingénieur-œnologue, il l’a accompli au Château Saint-Vincent, à Gilly, un grand cru de La Côte vaudoise. Et son père, commandant de bord de Jumbojet de Swissair, effectuait souvent des rotations sur Cointrin.
Le premier Alémanique président des œnologues suisses
Autre temps… Et beaucoup d’eau a filé sous les ponts du Rhône comme de la Limmat. En plus de vingt ans de carrière, Martin Wiederkehr a connu toutes les situations vitivinicoles : président de l’Union suisse des œnologues — à la suite de l’ancien «œnologue fédéral» Jean Crettenand —, chercheur à Wädenswil, puis maître d’œuvre dans deux domaines appartenant à des Suisses, l’un, tout petit, dans la Loire, l’autre, de taille inconnue ici (144 hectares), dans la région de Requena (Valence, Espagne). Puis il a bifurqué vers la gestion en entreprise (étudiée à la Haute école de Saint-Gall) et divers postes dans le marketing et la vente. «C’est la première fois que je peux maîtriser une entreprise de la production à la vente», se réjouit ce père de deux enfants, habitant à Dietikon (ZH).
La fierté des Genevois pour leurs vins
La Cave de Genève SA, ça n’est pas rien : avec la mise en valeur de la vendange de près de 400 hectares, livrée par une centaine de viticulteurs, elle «pèse» un bon tiers du vignoble genevois. Autant dire que quand La Cave éternue, c’est tout le vignoble qui s’enrhume : «Avec un tel poids, nous avons une responsabilité politique.»
Le Zurichois n’a pas l’intention de tout bousculer, mais d’ouvrir le jeu sur la Suisse alémanique. «Nous avons la chance d’avoir une base solide à Genève, où les Genevois sont devenus fiers de leurs vins. Un exemple : l’Ecole hôtelière ne sert que des vins genevois ! Il est capital de pouvoir s’appuyer sur le marché local», explique le nouveau directeur, entré en fonction ce printemps. Le marché régional est plus compliqué : d’un côté, la France, de l’autre, La Côte vaudoise. Naturellement, l’ouverture se trouve en Suisse alémanique. «Le premier vendeur, c’est moi…», sourit le Zurichois.
«Un problème de réseau, pas d’image»
Mais les vins genevois ont-ils un renom suffisant pour percer Outre-Sarine ? «Ce printemps, une soirée avec le chef de cuisine Philippe Chevrier, avec qui la Cave de Genève a développé une ligne de vins, a fait le plein au cœur de Zurich. Le problème des vins genevois n’est pas une question de réputation, mais de réseau. Actuellement, ils ne sont présents ni dans les grandes surfaces, ni dans les œnothèques. Nous devons aller au-devant du client et, aussi, le faire venir ici. Il faut faire connaître les vins aux consommateurs, qui n’ont de Genève que des clichés, le jet d’eau, les banques et le Salon de l’Auto.»
Des vins «complémentaires»
«Je ne vais pas tout changer en un an. Je sais depuis mon apprentissage de vigneron qu’il n’y a jamais de révolution à la vigne, qui suit le rythme naturel de la plante.» En fonction des cépages cultivés, Martin Wiederkehr constate : «La base reste le chasselas et le gamay. Ces deux cépages ne sont pas dévalorisés chez le consommateur moyen ; il ne faut pas les sous-estimer. Il y a un marché pour le chasselas romand et une demande pour les vins rouges fruités. Nous sommes complémentaires aux vins valaisans et vaudois, avec une part importante de sauvignon blanc, mais aussi de viognier ou d’aligoté, et le gamaret, planté à Genève depuis vingt ans exactement. Oenologiquement, avec une base de dix-neuf cépages à La Cave de Genève, il sera intéressant de créer des produits répondant aux attentes des clients», se réjouit le nouveau directeur.
 

Eclairage
Dix ans de la Sélection des Vins de Genève

Mettre en valeur le meilleur du vignoble genevois, le troisième de Suisse (un peu moins de 1300 hectares plantés à 59% en cépages rouges) : tel est le but de la dégustation annuelle des Sélections genevoises, un concours régional organisé sur le modèle des concours internationaux. En 2000, 50 encaveurs avaient présenté 280 vins ; dix ans plus tard, ils sont 63 pour 533 vins.
En principe, 10% des vins obtiennent une médaille d’or : en 2009, soixante vins ont atteint la barre fixée à 89,2 points sur 100. Divers prix récompensent les vins : le plus haut pointage donne droit au Sanglier de bronze, cette année un assemblage rouge 2007, Légende, du Domaine du Centaure (Claude Ramu) à Dardagny, et l’Ecole hôtelière de Genève décerne son prix, le Marcassin de bronze, au vin jugé par elle le plus intéressant, un Sauvignon blanc du Château des Bois, à Satigny.
Au palmarès, certains domaines cumulent les médailles d’or : avec six distinctions, le Clos des Pins (Marc Ramu), à Dardagny, devance Les Perrières, à Peissy, Les Hutins, à Dardagny, et la Cave des Bossons, à Peissy, avec cinq distinctions. Cinq domaines suivent avec trois vins médaillés d’or, la Cave de Genève, le Domaine du Paradis, Les Vallières, tous trois à Satigny, Les Chevalières à Soral et le Clos de Céligny, enclave genevoise sur La Côte vaudoise. Résultats complets.

Paru dans le Journal Vinicole Suisse du mois d’août 2009.