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Posted on 23 juin 2010 in Vins suisses

Genève — Les vins genevois encore inconnus à Zurich

Genève — Les vins genevois encore inconnus à Zurich

Marché suisse

«Les vins genevois ?
Inconnus à Zurich !»

Pourquoi les vignerons genevois font-ils le déplacement à Zurich et en Suisse alémanique ? La réponse de quelques acteurs, moyens et petits, sur un marché qui est encore loin d’être «mûr», comme disent les économistes. En 2010, les Sélections de Genève ont couronné le Domaine du Paradis, à Satigny, de Roger Burgdorfer, assisté de Didier Cornut, œnologue, pour leur gamay 2009, le vin le mieux noté par le jury.
Par Pierre Thomas
Pour préparer l’opération du mardi 30 mars 2010, à la Stall 6, à Zurich, où dix-neuf producteurs genevois ont présenté une centaine de leurs crus, les Vins de Genève ont permis à des journalistes et des acheteurs de rencontrer ces producteurs à la toute nouvelle Maison du Terroir, à Lully (lire ci-dessous). Comment les vins de Genève sont-ils perçus à Zurich ? Question posée à quelques producteurs présents ce jour-là.
Sans le handicap du Chasselas
«Au contraire des Vaudois, qui sont perçus somme des vendeurs de Chasselas — qui a encore l’image d’un vin de masse en Suisse alémanique —, les Genevois offrent la diversité», constate Claude Berthaudin, propriétaire à la fois sur La Côte vaudoise et à Genève. «Il y a dix ans, personne ne parlait des vins genevois. Les Zurichois sont curieux : les jeunes veulent déguster autre chose que du Chasselas et nous ne leur présentons que du Pinot Blanc et de l’Aligoté, et pas de Chardonnay, qui fait trop Nouveau Monde», poursuit le négociant en vins. «Les Alémaniques apprécient le niveau qualitatif de nos vins : il n’y a pas d’entrée de gamme à Genève, seulement des spécialités.»
Le Gamaret marche fort
Au Domaine des Curiades, les frères Dupraz confirment : «Pour nous, la Suisse alémanique représente 20% de nos ventes et on y est présents depuis 25 ans. Notre cheval de bataille reste l’Aligoté (les Dupraz sont les premiers à avoir planté à Lully, sur une erreur de livraison de matériel viticole, ce cépage blanc d’origine bourguignonne). Mais le Gamaret marche bien, comme le Sauvignon, et L’Esprit de Genève.» Cet assemblage rouge haut de gamme est particulièrement réussi, dans le millésime 2008, aux Curiades : il joue la carte voulue au départ, celle de revaloriser le Gamay (60%), en complément avec d’autres cépages (ici, seulement du Gamaret, pour les 40% restants), et élevé un an en barriques, pour un prix décent (18 francs la bouteille).
Verre à moitié plein…
Champion du Gamaret — la version en barriques a remporté une médaille d’or aux Vinalies internationales de Paris 2010 —, Bernard Conne, du Domaine des Charmes, à Peissy, constate que «la Suisse alémanique, ça reste difficile. On y va depuis cinq ans, notamment à Expovina Primavera. Les rouges élevés en barriques ont un certain succès, en raison de leur bon rapport qualité-prix, mais, même si nous avons un revendeur à Lucerne, ça n’est pas facile.» Voilà leémoignage d’un producteur qui est présent depuis peu de temps, au contraire des frères Mistral, du Domaine des Faunes : «Notre grand-père avait passé sa jeunesse à Berne et parlait le suisse allemand. Il a développé une clientèle dans la région du lac des Quatre-Cantons et de Zurich, mais cela représente moins de 10% de nos ventes», confie Frédéric Mistral.
…et verre à moitié vide !
«D’être encore inconnus du plus grand nombre est un avantage : nous n’avons pas d’image du tout, donc ni bonne, ni mauvaise, et nous sommes encore dans la phase de découverte par les consommateurs», positive le jeune œnologue. Comme son contemporain Fabian Rochaix, de la cave Les Perrières, à Peissy : «La plupart des Suisses alémaniques ignorent que de la vigne pousse à Genève. Les gens ont donc une double suprise : d’abord, celle d’apprendre qu’on produit des vins, ensuite, que ces vins sont de très bonne qualité. Pour les vendre, il faut les faire connaître et le meilleur moyen est encore de les faire déguster !», constate le jeune homme, qui partage la conduite des vignes du domaine avec sa sœur Sandrine. «Même si la Suisse allemande ne représente pas grand’chose dans nos ventes actuelles, c’est une fenêtre. On peut y progresser, alors qu’à Genève, il y a stagnation du marché», constate Fabian Rochaix.
 

Eclairage
Maison du Terroir: l’OPAGE se met au vert

L’Office de promotion des produits agricole de Genève (OPAGE), logé en zone industrielle, vient de se mettre au vert, au printemps 2010, dans la Maison du Terroir, construite à Lully, dans le vignoble genevois.
Dans un bâtiment mêlant béton armé et bois, notamment lamellé-collé, l’OPAGE occupe un petit tiers des 1’000 mètres carrés du bâtiment qui répond à des normes écologiques. Il partage les locaux avec le domaine viticole de l’Etat de Genève (6 hectares, créé en 1971) et la cave expérimentale de la Station de viticulture et d’œnologie cantonale. Le projet de Maison du Terroir avait été lancé en 2000 ; les travaux (devisés à près de 4,5 millions de francs) ont débuté en octobre 2008 et les locaux sont opérationnels dès ce printemps, avec des portes ouvertes publiques organisées le 25 septembre 2010. Une vingtaine de soirée seront consacrées aux vins et à la dégustation, animées par des vignerons, cette année.
Dirigé par Denis Beausoleil depuis janvier 2001, l’OPAGE assure la promotion des produits agricoles genevois dans leur ensemble, dont les vins de Genève. En 2009, le Grand Conseil genevois lui a octroyé un crédit de 10 millions de francs répartis sur 4 ans. Les vins de Genève bénéficient d’une enveloppe annuelle de 650’000 francs pour leur promotion, répartie à parts égales entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. Les vignerons genevois, par le biais d’une taxe à l’hectare (210 fr. par ha) et à la production de vin (2 ct. par litre), contribuent pour près de 430’000 francs au budget de l’OPAGE.
L’OPAGE organise les Sélections de Genève: en 2010, le Domaine du Paradis a emporté le sanglier de bronze du meilleur vin (Gamay 2009) et le renard de bronze, pour le coup de cœur des cafetiers et restaurateurs genevois. Le prix des étudiants de l’Ecole hôtelière de Genève revient au Garanoir 2008 du Domaine des Crêtets, à Peissy, et le prix de la presse, au Chardonnay 2009 du Domaine du Faubourg, à Soral.

Accès Internet au palmarès des Sélections de Genève 2010: www.opage.ch

©thomasvino.com/mars-juin2010