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Posted on 9 juin 2011 in Vins français

Bordeaux 2010: et s’il ne fallait pas les acheter?

Bordeaux 2010: et s’il ne fallait pas les acheter?

Bordeaux 2010

Parker, pyromane et pompier

C’est le site Internet du quotidien français le Figaro qui relaie l’information: le 7 juin 2011, Robert Parker Jr incitait les Bordelais à modérer leurs prix de sortie des grands (et petits) crus du millésime 2010. L’Américain tente de sauver les meubles de ses concitoyens, grands acheteurs de bordeaux. Il s’agit d’inciter les producteurs et négociants à garder raison pour leur clientèle traditionnelle, plutôt que de se laisser tourner la tête par les riches Asiatiques… Veiller à l’Ouest, plutôt qu’à l’Est, donc…
L’ennui, c’est que Parker lui-même allume la mèche chaque année depuis trente ans. Si certains châteaux ont produit moins en 2010 — on parle souvent de 40% du «grand vin» —, ils ont tendace à se rattraper sur les prix. Début juin, à peine un tiers des 150 grands crus avaient donné leur «prix de sortie» de la «première tranche». Les autres espèrent profiter de Vinexpo, du 19 au 23 juin pour «lancer» leur campagne de vente en primeurs. Rappel : Château Cheval-Blanc était sorti à 600 euros en 2009, soit 50% plus cher que le 2005, où les prix avaient déjà atteints des sommets, largement surpassés.

25% plus cher que les 2009?

Certains châteaux, en 2010, affichent des prix 25% supérieurs à 2009, comme Beychevelle ou Gruaud-Larose, mais, à leur décharge, il faut dire que ces vins, autour de 40 euros, étaient jusqu’ici de très bonnes affaires : Beychevelle tente de reconquérir sa place et Gruaud-Larose est au bénéfice d’une qualité constante depuis plusieurs millésimes… Quant à Parker, il est resté prudent, n’octroyant qu’à 64 vins sur les 374 qu’il a commentés la «note d’achat» quasi automatique de 95 points sur 100 sur son échelle.
Au fond, la seule question à se poser, aujourd’hui, reste : faut-il acheter les 2010 en primeurs? Le 12 mai, dans le même Figaro, Bernard Burtschy, journaliste rompu à l’exercice, l’affirmait sans ambage: «Si les vins sont du niveau de 2009, l’achat en primeurs ne s’impose pas, sauf pour quelques réussites dont les tarifs sont restés sages. Plus que jamais, il est préférable d’attendre sagement les dégustations de vins en bouteille pour se faire une véritable opinion.»

Créer la rareté et la pénurie

Toutefois, les primeurs jouent un double rôle. D’abord, en faisant croire à la rareté et à la pénurie, ces ventes, genre de «chèque en blanc», excite le marché autour de valeurs réputées sûres. Ces vins, théoriquement achetés par des Asiatiques, peuvent revenir rapidement et «physiquement» sur le marché… sans avoir quitté les entrepôts bordelais (londoniens ou suisses). Ensuite, en proclamant des prix très hauts pour les 2010 à la suite des 2009, la «place de Bordeaux» évite un effondrement des prix des millésimes plus anciens, comme les 2007 et 2008 (une analyse pourrait montrer que l’achat en primeurs de ces deux millésimes, comparé à un achat postérieur, à l’arrivée des vins sur le marché, n’a pas été bénéfique !). En Suisse, un déstockage massif des 2006 à prix cassés a déjà eu lieu… Car, cela fait tout de même la huitième année que Bordeaux fait croire à un excellent millésime sur… dix ans !

2010, un millésime tannique, alcooleux et hétérogène

Et quelle est la qualité intrinsèque du millésime 2010? A la sortie des dégustations des primeurs, Bernard Burtschy, membre du Grand Jury Européen, n’y allait pas avec le dos de la cuillère, dans un papier intitulé «Le grand bluff» : «Les grands vins rouges étaient tanniques, denses et frais, trois qualités qui font les grands millésimes. Mais beaucoup de ces vins font grimacer avec leurs terribles tanins» et leur verdeur, expliquée par une floraison tardive et hétérogène, à cause d’un coup de froid, début juin 2010. 2010 est une année curieuse: la fraîcheur du temps assure de bonnes acidités et la chaleur de l’été, de hauts degrés d’alcool.

Le Figaro a publié un remarquable dossier de 66 pages, téléchargeable sur son site Internet. Les vins sont notés sur 20 et ces notes permettent de contrebalancer la «pensée unique» du pyromane-pompier Parker.

La hiérarchie respectée

On passera sur la majorité des 1er et 2ème Crus Classés : leur prix n’est pas connu, et la hiérarchie, dans une année hétérogène, est généralement respectée, sans grande surprise: ils ont les moyens de moins se louper que les petits. Mais on a repéré quelques jolis vins, de crus et de garage, du moins selon les dégustations du Figaro, à prendre avec les précautions d’usage (attendre pour goûter que les vins soient en bouteilles!); en complément, la fourchette de notes sur 100 données par le bloggueur et négociant suisse Jacques Perrin (CAVE SA).

Liquoreux (Barsac et Sauternes)

Ch. Suduiraut, 18 ; Ch. de Fargues, Sauternes, 17,5/95-97 ; L’Extravagant de Doisy-Daëne, Sauternes, 17,5 ; Ch. Coutet Barsac 17/94-96 ; Ch. Guiraud, Sauternes, 17/93-95 ; Ch. Lafaurie-Peyraguey, Sauternes, 17/95-97 ; Ch. Sigalas-Rabaud, Sauternes, 17/95-97.
Castillon, Côtes de Bordeaux
Domaine de l’A, 15,5/92-94 ; Château Montlandrie, 15,5
Côtes de Bourg, Fronsac, Premières Côtes de Bordeaux
Roc de Cambes, 16/92-94 ; Ch. Haut-Mazeris, Fronsac, 15, Ch. La Rousselle, Fronsac, 15 ; Ch. Reynon, Premières Côtes de Bordeaux, 15
Lalande de Pomerol
Ch. Les Cruzelles, 15,5/90-92 ; Ch. La Fleur de Boüard, 15,5/90-92 ; Ch. Tournefeuille, 15,5
Pomerol
Ch. Trotanoy, 17,5/96-98 ; Ch. La Violette, 17 ; Ch. L’Eglise-Clinet, 17/96-98 ; Vieux Château Certan, 17 ; Ch. Nénin, 17 ; Ch. La Conseillante, 16,5/95-97 ; Ch. Le Gay, 16,5 ; Ch. Petit-Village, 16,5 ; Ch. Bourgneuf, 16 ; Ch. La Croy de Gay, 16 ; Ch. Le Bon Pasteur, 16 ; Ch. Vieux Maillet, 15/90-92.
Lussac St-Emilion
Ch. La Grande Clotte, 15,5 ; Ch. La Croix de Peyrolle, 15 ; Ch. de Lussac, 14,5 ; Ch. Lyonnat, 14,5
Saint-Emilion
La Mondotte, 17/96-98 ; Ch. Bellevue-Mondotte, 17/94-96 ; Ch. Le Tertre-Roteboeuf, 17/96-98; Ch. Pavie, 17/96-98; Ch. Pavie-Macquin, 16,5/95-97 ; Ch. Valandraud, 16,5/94 ; Ch. Fleur Cardinale, 16,5 ; Ch. Larcis-Ducasse, 16,5/95 ; Ch. Monbousquet, 16,5(90-92 ; Ch. Grand-Corbin Despagne, 16 ; Ch. La Couspaude, 16/91-93 ; Ch. La Dominique, 16 ; Ch. La Serre, 16 ; Clos Saint-Martin, 16 ; Ch. Jean Faure, 16/90 ; Ch. Faugères, 16 ; Ch. Magrez-Fombrauge, 16 ; Ch. Moulin-St-Geroges, 16 ; Ch. Rol-Valentin, 16 ; Ch. Bellefont-Belcier, 16 ; Ch. Franc-Mayne, 15,5 ; Ch. L’Arrosée, 15,5 ; Ch. Cadet-Piola, 15,5 ; Ch. La Gomerie, 15,5 ; Ch. Tertre-Daugay, 15,5;
Graves et Pessac-Léognan
Domaine de Chevalier, 17/94-96 ; Ch. Pape-Clément, 16,5 ; Ch. Smith-Haut-Lafitte 16,5/94-96 ; Ch. Malartic-Lagravière, 16 ; Clos Floridène, 15,5 ; Ch. Carbonnieux, 15,5/90-92 ; Ch. de Fieuzal, 15,5/90-92, Ch. de France, 15,5 ; Ch. Haut-Bergey, 15,5 ;
Médoc et Haut-Médoc
Ch. La Lagune, 16,5/94 ; Ch. Haut-Condissas, 16 ; Ch.Potensac, 16/90 ; Ch. Belgrave, 16/90 ; Ch. Rollan-de-By, 15,5/90 ; Ch. Sociando-Mallet, 15,5/91-93 ; Ch. Lanessan, 15,5 ; Ch. Paloumey, 15,5 ; Ch. Les Grands-Chênes, 15,5 ; Ch. d’Agassac, 15,5 ; Ch. D’Escurac, 15 ; Ch. Cambon La Pelouse, 15 ; Ch. Charmail, 15 ; Ch. Sénéjac, 15 ;
Listrac
Ch. Fonréaud, 15,5 ; Ch. Lafon-Listrac, 15,5 ; Ch. Fourcas-Dupré, 15/89-91
Moulis
Ch. Poujeaux, 15,5/92 ; Ch. Branas-Grand-Poujeaux, 15,5 ; Ch. Biston-Brillette, 15 ; Ch. Chasse-Spleen, 14,5
Margaux
Ch. Rauzan-Ségla, 17/93-95 ; Ch. Boyd-Cantenac, 16,5 ; Ch. Lascombes, 16,5/94-96 ; Ch. Marquis de Terme, 16,5 ; Ch. Prieuré-Lichine, 16,5 ; Ch. Palmer, 16,5/96-98 ; Ch. Brane-Cantenac, 16/92-94 ; Ch. d’Issan, 16 ; Ch. Giscours, 16/92-94 ; Ch. Puget, 16 ; Ch. Malescot-St-Exupéry, 15,5/94-96 ;
Pauillac, Saint-Julien
Ch. Ducru-Beaucaillou, 17/96-98 ; Ch. Clerc-Milon, 17 ; Ch. Pontet-Canet, 17/96-98 ; Ch. Léoville-Barton, 17/95-97 ; Ch. Grand-Puy Lacoste, 16,5/95-97 ; Ch. Gruaud-Larose, 16,5/92-94 ; Ch. Langoa-Barton, 16,5/93-95 ; Ch. Haut-Batailley, 16,5/92-94; Ch. Lynch-Bages, 16,5/95-97 ; Ch. Pichon-Baron, 16,5, Ch. Saint-Pierre, 16,5/92-94 ; Ch. Talbot, 16
St-Estèphe
Ch. Calon-Ségur, 17,5/96-98 ; Ch. Cos-d’Estournel, 17/96-98 ; Ch. Montrose, 17/95-97 ; Ch. Morin, 17 ; Ch. Haut-Marbuzet, 16 ; Ch. Les Ormes de Pez, 16/90 ; Ch. Phélan-Ségur, 16/91 ; Ch. Cos-Labory, 15,5 ; Ch. Tronquoy-Lalande, 15,5.

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