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Posted on 8 octobre 2011 in Tendance

Les Côtes du Rhône retrouvent la Suisse

Les Côtes du Rhône retrouvent la Suisse

Les vins du Rhône renouent avec la Suisse

L’image des CdR en jeu

Le 3 octobre 2011, dans leur tournée parrainée par l’Union Européenne (dans les pays non-membres de l’UE), les vins de la vallée du Rhône sont remontés jusqu’au Léman. Sur le bateau «Lausanne», dégustations et commentaires. Si les CdR (Côtes du Rhône) ont délaissé la Suisse depuis près de dix ans, les acheteurs le leur ont rendu la monnaie de leur pièce : les ventes en Suisse se sont effondrées.
Par Pierre Thomas
En 2003, la Suisse importait près de 10,5 mios de litres de CdR. En 2010, plus que 6,4 mios de litres, soit une chute de plus d’un tiers des importations. En 2003, notre pays pointait au troisième rang des principaux pays exportateurs, derrière l’Angleterre (le double !) et la Belgique et le Luxembourg, et juste devant la Hollande, qui a connu un effondrement encore plus conséquent (de 10,3 à 4,8 mios de litres).
En 2010, la Suisse est toujours derrière l’Angleterre et la Belgique et Luxembourg (tous deux en  léger fléchissement), les Etats-Unis (où la courbe a connu l’exact inverse de celle de la Suisse), l’Allemagne, et juste devant la Scandinavie. La Chine apparaît pour la première fois en 2010 avec 1,5 mio de litres, et l’Asie, après avoir fortement progressé, revient à 0,7 mios, tandis que le Japon stagne à 2 mios de litres. Au total, en 2010, la Vallée du Rhône a exporté 109 millions de bouteilles dans 155 pays pour 305 mios d’euros. En litres, c’est à peu près ce que produit l’ensemble de la Suisse qui, elle, n’exporte que 1,5% de sa production.

Le bon rapport qualité-prix

La croisière du «Lausanne» a permis de déguster de belles choses, souvent dans une gamme de prix (non divulguée) relativement haute. A la fin de la dégustation pratique et des exposés théoriques — discours-promo à sens unique —, quelques questions du public. Bien sûr pas représentatives, parce que trop rares, mais quand même… L’un des participants s’est inquiété de la disparition des trois mots Côtes-du-Rhône en toutes lettres, dans les nouveaux crus, qui se multiplient parmi les «villages». Loin de simplifier leur pyramide, les CdR l’ont certes renforcée, mais complexifiée… et pour la simplifier désormais, préfèrent mettre en avant des noms de crus.
Un autre s’est demandé si cette démarche, qui s’apparente à une montée en gamme, ne se soldera pas par une augmentation des prix. Enfin, un participant a dit l’attachement des clients suisses à des CdR génériques traditionnels d’un bon rapport qualité-prix. Un constat qui rejoint les chiffres de la baisse de l’export : si les Suisses se sont détournés des CdR (comme de tous les vins français !) ces dix dernières, n’est-ce pas parce qu’ils ont trouvé ailleurs des vins de meilleur rapport qualité-prix? Le parallèle peut-être tiré avec la Hollande, un pays non producteur, très sensible au prix des vins et qui n’hésite pas à importer en masse des vins du Nouveau Monde. En Suisse, qui boit décidément européen, l’Italie et l’Espagne ont compensé la défection des vins français.
A la faveur de campagnes de pub de l’UE, la France se rappelle au bon souvenir de ses plus proches voisins. Pour les amateurs, notamment romands, qui vont aussi chercher sur place leurs CdR, ces vins restent d’excellents crus, avec de belles découvertes à faire, dans des cépages (syrah, marsanne, viognier au nord, grenache, carignan, cinsaut, mourvèdre, roussanne, clairette, bourboulenc, grenache blanc, au sud) qui sont propres à cette région, si vaste et si riche.
©thomasvino.ch