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Posted on 14 janvier 2005 in Adresses, Restos

Neuchâtel (NE) — Le Palafitte

Neuchâtel (NE) — Le Palafitte

Le Palafitte, Neuchâtel
Lacustres durablement établis

Bourré de domotique mais installé sur des pilotis (d'où il tire sa racine latine), l'Hôtel Palafitte aurait dû déménager après l'expo.02. Il est toujours planté là, les pieds dans l'eau, entre la patinoire de Monruz et le Laténium, à la sortie de Neuchâtel, direction Bienne. Son statut de «provisoire» est même prolongé jusqu'en 2007, le temps de préparer un plan d'affectation qui devrait l'ancrer dans le «développement durable». C'est dire qu'il n'est pas nécessaire d'y courir aujourd'hui (surtout que c'est la Fête des vendanges à Neuchâtel!), mais qu'il faut s'en souvenir…
Fièrement, son directeur, Antoine Chaumeron, mentionne que le restaurant se classe «parmi les cinq meilleurs de l'agglomération neuchâteloise». Qui se laisse impressionner par le décor en prend plein les mirettes. Il y a le lac, d'abord, étrangement calme. Et pour les terriens, ce mécano de poutres de bois blond, voulue par l'architecte biennois (et Lausannois d'adoption) Kurt Hofmann. Puis le décor hypermoderne de Dominique Couture, un ancien chef de rang du Beau-Rivage lausannois, promu décorateur d'hôtels et de restaurants. Eclairages diaprés, peau de vache au tapis, vasques et amphores: dès l'accueillant bar, où le personnel vous dit bonjour — tiens, vous n'avez pas remarqué que ça devient de plus en plus rare? —, on est conquis…
Reste l'assiette. Quelques gastronomes locaux tiennent le Colvert pour une très bonne table. Le chef, Roland Becker, est rompu aux grands hôtels: dans ce cinq étoiles, pour assurer sept jours sur sept, la brigade ne compte pas moins de quinze personnes… L'autre jour, le menu-surprise (à 88 francs, soit à peu près le prix moyen d'une entrée, d'un plat principal et d'un dessert à la carte) était fort agréable, avec son tartare de thon rouge bien relevé, son potage froid au cerfeuil et crabe (un peu discret…), son filet d'agneau à la réduction de tomate et risotto (un plat trop riche en crème pourtant pour être fidèle au Sud des Alpes), et une crème à l'orange roulée dans de fines crêpes. Un exemple cosmopolite, en attendant la chasse…
La clientèle, jusqu'ici, est à 80% alémanique et, à l'hôtel, confie le directeur, 10 à 12% des résidents sont des récidivistes d'expo.02. Cette page-là est tournée, et le Palafitte s'inscrit désormais dans le paysage du pied de Chaumont. Ceux qu'on a nommé «les lacustres» ne furent-ils pas les premiers de l'humanité à se sédentariser?

La bonne adresse
Le Colvert, Hôtel Palafitte
rte des Gouttes-d'Or 2
2008 Neuchâtel
tél. 032 723 02 02
ouvert tous les jours
www.palafitte.ch

Le vin qui va avec…
Un choix judicieux
Rayon vins, le Colvert pratique la tempérance des prix. Les sommeliers se sont succédé, mais ils sont restés fidèles à André Crelier. Ce Neuchâtelois dispose, au centre-ville (Grand-Rue 1), de 10 m2 pour la vente, «la plus petite boutique du monde». Passionné, il a décliné la carte du Colvert en qualificatifs pour chaque catégorie de vin: les curieux, les fruités, les tendres et ronds, les corsés, les charmeurs, etc. On y a choisi cette Abbaye de Sainte-Eugénie, un Corbières 2001 résolument méditerranéen, puisque né en bordure de mer, à 10 km de Narbonne, sur un terroir voisin de celui qui donne un magnifique Banyuls, de grenache plus que centenaire. Mûr, rond, épicé, chaleureux, ce rouge, signé de deux «producteurs-œnologues», Christine et Thibaut Cazalet, doit beaucoup aux ceps octogénaires de vieux carignan (à 90%), complété par du mourvèdre, pour la touche animale discrète. Un vin agréablement original.

Chronique de Pierre Thomas, parue dans Le Matin-Dimanche, fin septembre 2003.