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Posted on 27 avril 2005 in Adresses, Restos

Céligny (GE) — Buffet de la Gare

Céligny (GE) — Buffet de la Gare

Restaurant de la Gare, Céligny (GE)
Un conservatoire sur les rails
Pour la première fois depuis plus d’un siècle, les trains ne s’arrêtent plus à la gare de Céligny, enclave genevoise en Terre-Sainte vaudoise. Mais le bus, même fort tard, ramène le passant égaré sur Nyon, manière habile de détourner le 0,5 pour mille… Le «Buffet de Gare» a gardé, lui, un charme intact. Le père, cuisinier, de feu Roger Fillistorf l’avait acquis à la fin de la seconde Guerre mondiale. Sur la magnifique terrasse et dans les abords agrestes, une foule de Genevois, grands et petits, ont passé de bons moments. Puis, il y a vingt ans, Mireille et Roger Fillistorf ont donné à ce bistrot désuet son air de brocante Arts Déco : boiseries foncées, lustres en pâte de verre, vitraux ou fenêtres gravées. Coins et recoins, soulignés par de rutilants panneaux publicitaires émaillés, dégagent un charme «plus vrai que nature».
Champions de l’accueil
A la suite du couple, il y a six ans, le chef de service, Pedro de Marcos, et le cuisinier Nicolas Choucq, ont repris en tandem ce charmant restaurant. Portugais de Coïmbra, mais ayant vécu à Paris, le premier sait être un hôte chaleureux et prévenant, tandis que le chef, Breton, a maintenu une ligne où l’assiette demeure en adéquation avec le décor… Le succès de cette brasserie ne se dément pas. Et l’équipe a même reçu, à la fin de l’an passé, le «Sésame de l’accueil», décerné dans le cadre de Gastronomia, à Lausanne.
La carte est résolument classique, tant du côté des viandes (filet de bœuf poêlé, rognon de veau rôti, caille farcie au foie gras, tartare de bœuf) que du côté des poissons (sole bretonne, bouillabaisse de rougets, turbot rôti, bar de Corse grillé), sans oublier des cuisses de grenouille fraîches, actuellement, et des filets de perche tout aussi frais, ou de l’omble. Nicolas Choucq ne transige pas sur la provenance du plus couru des poissons du Léman : si le pêcheur Joël Vuadens revient bredouille du lac, il n’y a pas de filets de perche. Un point, c’est tout ! Le prix des plats tourne autour de 40 francs, portant l’addition à un niveau respectable, pour peu qu’on pioche dans la cave, bien fournie en crus des meilleurs vignerons vaudois, genevois et valaisans, sans compter les nombreux bordeaux… Mais on sert aussi plusieurs vins au verre et même à l’once, soit un demi-décilitre, 0,5 pour mille oblige !
Du classique, mais du bon
A la faveur d’un menu, le chef, l’autre jour, a fait l’étalage de ses capacités : excellent carpaccio de lotte aux truffes et citron vert, asperges du Valais et ris de veau, dans une sauce (trop) riche, puis, longuement mitonné, un jarret de veau, aromatisé au romarin, servi en cocotte avec des légumes printaniers. Enfin, un dessert ménager d’apparence : une pomme au four arrosée d’un succulent mélange d’oranges, pistaches et épices diverses. Rien que du classique, mais du bon ! Et cet été, la terrasse accueillera tous les mercredis soirs de juillet et août un orchestre de jazz. Bonsoir l’ambiance !

La bonne adresse
Buffet de la Gare
25, rte de Founex
Céligny (GE)
Tél. 022 776 27 70
Fermé dimanche et lundi

Le vin qui va avec…
Indispensable étalon

S’il n’était décédé en voyage au Cambodge, il y a trois ans, Roger Fillistorf serait sans doute devenu partenaire de Didier Joris, forte tête de Chamoson. Le vigneron entretient encore des relations avec la table genevoise. Parmi ses vins qui y sont servis, le chardonnay. Sur le petit domaine valaisan (2,5 ha), le cépage blanc le plus mondialisé ne donne que trois barriques de vin. Depuis vingt ans, l’œnologue a pu, à la manière des Bourguignons, bichonner l’élevage en barriques, dont il fut un des pionniers en Suisse. L’avancée de cette révolution se mesure à l’aune du plus classique des blancs, où l’équilibre entre l’acidité, le gras et le touché vanillé du chêne permet d’étalonner… le vinificateur. S’il n’est pas question de «singer un Puligny-Montrachet», que voilà, dans le millésime 2004, un vin d’une pureté cristalline ! Et pour qui douterait de l’attachement de Didier Joris au terroir valaisan, il commerciale une petite arvine, pour la première fois sur 2004. Elevée en barrique, naturellement!

Chronique parue dans Le Matin-Dimanche du 24 avril 2005.