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Posted on 15 octobre 2006 in Adresses, Restos

Bâle (BS) — Hôtel-Restaurant Krafft

Bâle (BS) — Hôtel-Restaurant Krafft

Hôtel Restaurant Krafft à Bâle
Réussite de la table au grenier
A Bâle, Les Trois Rois ont retrouvé leurs lettres d’or. En diagonale de ce vaisseau amiral de l’hôtellerie réouvert ce printemps, après quelques dizaines de millions de travaux, le Krafft affiche lui aussi, des lettres d’or en amont du «pont du milieu», sur la rive opposée du Rhin, dans le «petit Bâle». Cet hôtel de charme, après une rénovation respectueuse du bâtiment de 1872, vient d’être élu «hôtel historique de l’année 2007».
Signalé par aucun guide, pour l’instant, il nous a tapé dans l’œil, un soir d’automne. Le long du fleuve, un vent de chaleur soufflait, créant, en face de la cathédrale, une atmosphère bien particulière de «cité rhénane» sur une terrasse joliment aménagée. Le patron de l’hôtel, Franz-Xaver Leonhardt, y servait personnellement. Bâlois, formé à l’école hôtelière de Thoune, il en fut même brièvement propriétaire de l’hôtel, avant de le céder à une fondation «alternative». Celle-ci investit dans le sauvetage des bâtiments publics, à l’instar de la Maison Mitte et ses bars Fumare et Non Fumare, et sert aussi de caution pour les locataires qui n’ont pas les moyens d’avancer une garantie de loyer.
En terrasse ou en salle
Depuis deux ans, une cuisine, conduite par sept professionnels et trois casseroliers, alimente la terrasse ou la belle salle à manger immaculée du premier étage, avec ses fenêtres face au Rhin et ses lustres Art Nouveau. La terrasse reste ouverte toute l’année : «L’hiver, on distribue des couvertures et on y sert des thés chauds, comme à la montagne», souligne le patron, qui a travaillé en Engadine…
La haute main sur la cuisine, c’est Andi Steiner qui l’a, en bonne intelligence avec Franz-Xaver Leonhardt. Tous deux n’ont pas 40 ans et le chef tient le rang de sous-directeur. Enseignant d’abord, il s’est formé ensuite aux «Quatre Saisons», chez Peter Moser, le chef le plus coté de la ville (trois toques, 18 sur 20, au guide GaultMillau). Mais pas question, au Krafft, de viser les étoiles. «Nous voulons rester régional et saisonnier, simple et bon», assure le tandem, assisté par Catherine Leonhardt, au service et dans le choix des vins. Détail, on y sert une «Basler Wasser», une eau du robinet refiltrée et gazéifiée «spritzig». La cave est bien fournie, par exemple en flacons des vedettes que sont les Kesselring, Gantenbein et Wegelin, maîtres en «Blauburgunder», autrement dit en pinot noir, de Thurgovie et des Grisons.
Surprise à 58 francs
Avec des entrées à moins de 20 francs, des plats principaux entre 25 et 40 et des desserts autour de 12 francs, la carte n’a rien de dispendieux et offre un menu «surprise» à 58 francs, dès deux personnes. La carte vient de changer. Mais, à titre d’exemple, on y a savouré des gnocchis de noix grillés aux figues rôties, servis en entrée, des crevettes sauvages au melon d’eau caramélisé et crème acidulée au concombre, puis un filet de porc, élevé dans la région bâloise, servi rosé, en croûte de coriandre et poivre noir, avec de la polenta aux poivrons et, trop rare sur les cartes, un excellent foie de veau en fines tranches, à la juste cuisson, aux pommes et Calvados (36 fr.), avant de faire l’impasse sur fromages du maître alsacien Bernard Antony, pour se satisfaire d’un soufflé glacé à la vanille et son kugelhopf chaud aux framboises (14 fr.). Rien que du bon…
L’art en plat de résistance
On ajoutera que le personnel s’efforce de dialoguer en français, au-delà des formes de politesse. Et, confirme le patron, la clientèle romande est bienvenue, autour des événements culturels. A la Fondation Beyeler, vient de s’ouvrir l’exposition «Eros dans l’art moderne», tandis que le Musée Tinguely célèbre, avec «L’Art et l’Amour», les noces sulfureuses de Niki (de Saint-Phalle) et de Jean (Tinguely). Trois bonnes raisons de passer un week-end au bord du Rhin, dans l’hôtel où Hermann Hesse, entre 1921 et 1923, écrivit le premier roman existentialiste, «Le loup des steppes», pages initiatiques pour d’aucuns.
La bonne adresse
Hôtel Krafft
Rheingasse 12
Bâle
Tél. 061 690 91 30
Ouvert tous les jours, midi et soir.
www.hotelkrafft.ch

Le vin tiré de sa cave…
Un merlot exemplaire
A 55 ans, Daniel Huber fait partie de ces mousquetaires rénovateurs du merlot tessinois. Celui-ci fête certes son centenaire, mais il y a vingt-cinq ans, seulement, que des vignerons venus du Nord du Gothard l’ont élevé au rang de meilleur vin rouge suisse. Devenu Tenuta di Ronco di Persico, à Monteggio, dans le Malcantone, pour respecter la législation, cette cuvée de base, au nez de cerise noire, aux tanins fins, avec une bonne acidité (en 2004), qui allie nerf et élégance, passe à juste titre pour un archétype du merlot moderne. Bon an, mal an, Daniel Huber (www.hubervini.ch) en produit 5'000 bouteilles, parfois avec une goutte de cabernet sauvignon (5% en 2004). Hélas, cet été, le haut des trois hectares du Ronco (petite colline, en tessinois) a été grêlée le 24 août, tandis que le bas du coteau était couvert par des filets… Cet aléas ne devrait pas toucher l’autre vin emblématique, le «Montagna Magica», où le merlot (en barriques) cohabite avec le cabernet franc. A noter que la Basler Weinmesse, du 28 octobre au 5 novembre, accueillera Ticino Wine comme hôte d’honneur, avec une quinzaine de producteurs. La manifestation organise aussi le concours «La Sélection», www.laselection.ch.

Paru dans Le Matin-Dimanche du 15 octobre 2007.