Pages Menu
Categories Menu

Posted on 6 mai 2020 in Tendance

Consommation des vins suisse : et pourtant, elle était repartie…

Consommation des vins suisse : et pourtant, elle était repartie…

Berne a publié ses chiffres, fin avril : les Suisses (et les touristes) ont bu davantage de vin (+ 4,7%) et augmenté la part de marché des vins suisses à 37%.

La nouvelle vient à contre-courant, au moment où on ne sait pas encore comment va réagir l’Horeca face au Covid-19. Elle salue déjà, sans doute, la campagne menée par Swiss Wine Promotion pour le «vin suisse, sans hésiter !», slogan martelé de novembre 2019 à mi-mars 2020. Et elle était prévisible à la publication des chiffres des vins vaudois, qui ont réussi à légèrement baisser leurs stocks, qui restent lourds, avec près de deux ans de «réserve» de consommation. Mais l’opération de soustraction des positions de 2018, augmentées de la vendange 2019, largement inférieure à celle, record, de 2018, et des importations, laisse apparaître une consommation de 255 millions de litres par les Suisses. Soit 4,7% de plus qu’en 2018.

Progression des vins blancs

Toutes les positions sont positives. Autant celles des vins indigènes que des vins étrangers. Ce qui surprend, et s’explique peut-être par les nombreux événements festifs autour du vin en 2019, année de la Fête des vignerons à Vevey et de la Fête fédérale de lutte à Zoug, c’est le bond d’un peu plus de 10% de consommation des vins blancs. La récolte 2019 induit aussi ce phénomène : le vignoble suisse, planté à 57% en rouge, a produit davantage de vin blanc (52%) que de rouge (48%). C’est la seconde fois que cela se produit depuis 2002, après le petit millésime 2017, de très faible rendement, alors que le 2019 se situe à 98 millions de litres (+ 6 millions de litres par rapport à la consommation annuelle).

Le vignoble vaudois à lui seul, aux deux tiers en chasselas, fournit 38% du vin blanc suisse. C’est aussi, selon les analyses de l’Observatoire suisse du marché du vin (OSMV) d’après les données des huit plus grands distributeurs (dont Coop et Denner/Migros), soit une part de près de 30% des ventes de vin, le vin suisse «leader» en supermarché, avec plus de 9,3 millions de bouteilles vendues, loin devant les vins blancs valaisans (5,3 millions). Et devant les rouges valaisans (4,6 mios), dont le Vieux-Pays fournit 34% des rouges de tout le pays. La progression de la consommation des vins rouges suisses est plus modeste, + 1,6%.

Vins suisses : 37% du marché

L’un dans l’autre, les 48 millions de litres de vins blancs et les 44 millions de rouges consommés, permettent aux vins suisses de consolider leur part de marché à 37%, certes modestement (+ 0,4%). Swiss Wine Promotion souligne, du reste, qu’«il reste un long chemin à parcourir pour retrouver des parts de marché proches de la parité» avec les vins étrangers. Ceux-ci progressent aussi, tant en blanc (+ 5,9%) qu’en rouge (+ 3,4%).

Les mousseux atteignent les 20 millions de litres, en «crescendo» de 3,3%, avec l’Italie comme principal fournisseur. Avec un bond de 5,5% par rapport à 2018, et 76 millions de litres fournis, l’Italie caracole en tête des pays dont les vins sont importés (soit 43% des rouges et 33% des blancs étrangers). Le volume importé d’Italie est presque deux fois plus important que de France (38,5 millions de litres, stable, mais pour une valeur égale aux vins italiens, 22% des rouges et 21% des blancs), loin devant l’Espagne (28,3 millions de litres, + 11%, 17% des rouges et 16% des blancs) et le Portugal (11,3 millions de litres, 7% des rouges et 5% des blancs).

Avalanche de mesures de crise

Ces chiffres ont toutefois tout du verre à moitié plein. Quant au verre à moitié vide… Avant leur publication, de nombreux acteurs se lamentaient des stocks importants, en Valais et dans le canton de Vaud. Certains vignerons vaudois plaident pour arracher les vignes les moins intéressantes, limiter les rendements, revoir la classification du vignoble, en fonction du terroir et du climat, et encourager la viticulture bio certifiée.

Face au Covid 19, la Fédération suisse des vignerons réclame des moyens supplémentaires de la Confédération pour la promotion des vins suisses, sans mise de fond de la branche, propose de distiller avec une aide financière des vins pour des solutions à destination des hôpitaux, et de déclasser des vins produits selon les critères d’appellation d’origine contrôlée (AOC) en catégorie inférieure (vin de table), là encore avec une aide financière.

Quant au dossier sur le passage du système suisse AOC-VDP sur le modèle européen AOP-IGP, il est toujours en «stand-by», du côté de Berne…

Paru dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo, du 6 mai 2020.

©thomasvino.ch