Quand le GPVS ressemble à la Sélection des vins du Valais
Résultats surprenants au Grand Prix du Vin Suisse, organisé par le magazine Vinum et l’association Vinea ! Joué plus tard à Sierre, en raison de la situation sanitaire, il a réuni plus de 3000 vins (3071) de 513 caves. A 30% de médailles, cela fait 363 médailles d’or — une pour chaque jour de l’année ! — et 584 d’argent. Parmi les 78 finalistes, la moitié sont des vins valaisans. Dans trois catégories, il n’y a même que des finalistes valaisans…
Par Pierre Thomas
Rappelons-le, c’est sur une idée que j’avais émise que les vins sont redégustés, pour établir le palmarès final, présenté fin octobre à Berne, lors du «Gala des vins suisses». Cette année, je ne serais pas dans le jury de cette finale, lui ayant préféré le Concours Mondial de Bruxelles à Brno. Championnat du Monde ou Tour de Suisse ? La question fut vite répondue…
Voici, catégorie après catégorie, un commentaire sur ces finalistes.
Chasselas: Vaudois en force
Pour le chasselas, un seul fendant (Cave des Champs, Miège), contre cinq chasselas vaudois, tous de 2019, sauf le 1er Grand Cru Château de La Bâtie, de La Cave de La Côte, la cave suisse de l’année… sortante. Accompagné d’un Sarraux-Dessous de Bolle & Cie, d’un Chablais vinifié à Chexbres, l’Aigle Le long Bec de Christelle Conne, et deux Lavaux, le Bouton d’Or de l’Union vinicole de Cully, et Les Fosses de Francey, à Chexbres.
Pour les riesling X sylvaner, le Zurichois Lüthi rappelle sur son étiquette qu’il s’agit en fait de riesling croisé avec la madeleine royale, pour sa Sélection. Les six vins sont du dernier millésime, avec un autre zurichois, un thurgovien, un schaffhousois de la famille Gysel (qui fut «vigneron de l’année») et deux RxS alpins, l’un des Grisons, de Jenny Luzi à Jenins, l’autre, oberlandais bernois, de Spiez, de la Spiezer Alpine Weinkultur.
Trois petites arvines pour cinq Valaisans
Le seul intrus vaudois dans les autres cépages blancs, c’est le viognier 2019 de la Cave de la ville de Payerne, qui s’est déjà signalée au Mondial du Chasselas, et qui a changé d’œnologue, venu d’un excellent domaine du Vully. Il est face à trois petites arvines 2019 (l’archétype de Gilbert Devayes, à Leytron, le Soleil d’Or d’Imesch-Rouvinez et celle de Fernand Cina, à Salquenen), et deux autres cépages valaisans de 2018, le johannisberg de la Sélection Comby, à Chamoson, et l’humagne blanc Grandmaître 2018, de Gregor Kuonen, à Salquenen.
Les Valaisans ne sont «que» trois dans les assemblages blancs, une Cuvée 1858 de 2017 de Bonvin-Rouvinez, Nuance 2018 de Mikaël Magliocco et la Cuvée blanche Mme Rosmarie Mathier 2018, un classique dans cette catégorie, de Diego Mathier, à Salquenen. Face à ces vins matures, de jeunes pousses 2019, le Stria Bianca des frères Corti à Balerna (TI), un muscat lucernois de Mariazell à Sursee, et un «vin de pays suisse» de la cave bâloise Siebe Dupf, à Liestal.
En rosé, le panachage est plus large, avec deux vaudois de La Côte, le rosé de gamay Roussard 2019 de La Cave de La Côte et un œil-de-perdrix Dominelle de la Cave des Rossillonnes à Vinzel, bien placée à la Sélection des vins vaudois, un seul rosé du Valais, Roseline, des Fils Maye SA à Riddes, un zurichois à l’étiquette française, La vie en rose, de Wetli à Männerdorf, et un seul 2018, en barrique, le Sinfonia in bianco de Clericati à Bellinzone.
Liquoreux: que des valaisans!
Vins liquoreux, ensuite, avec une séquence du championnat du Valais et six poids lourds du Vieux Pays : le Mitis 2016 de Jean-René Germanier, le Grain Noble Clos de Corbassières 2015, du Domaine Cornulus, la Petite Arvine Flétrie 2018 de Robert Taramarcaz, Domaine des Muses, le Gemma Topas 2017, de Diego Mathier, et deux autres Salquenards, la Malvoisie flétries 2019 de Gregor Kuonen et le Heida 2019 de Fernand Cina.
En rouge, pinot noir d’abord, avec un étonnant Saint-Saphorin 2018, des Frères Dubois de Cully (VD), victorieux du Mondial du Chasselas avec La Braise d’Enfer, Les Landions 2018, de l’ambitieux jeune domaine homonyme de Colombier (NE), le bâlois Hohle Gasse 2018, de Jauslin à Muttenz, qui vient d’entrer à la Mémoire des vins suisses, un Spätlese Nure 2018 de l’Argovien Baumgartner (Tegerfelden), une Réserve 2018 du Zurichois Bachmann (Stäfa) et, quand même, un valaisan, le Barrique 2018 de Vouilloz Vins à Varen.
En gamay, les Valaisans sont quatre face à deux La Côte vaudois, de petits domaines, le 2018 du Domaine des Sieurs à Luins, et le 2019 de… Luins, du Domaine des Combes à Begnins. Face au Vieilles Vignes de Fully 2019, de la Cave des Amis, qui s’était déjà signalée l’an passé à ce niveau, le 2018 de Dubuis et Rudaz, à Sion, le 2019 de la Cave du Paradou, à Nax et le Promesse de Convivialité 2018 de la jeune Cave des Promesses, de Julien Fournier — qui fut lui aussi «cave de l’année» (avec La Régence) et meilleur fendant au Mondial du Chasselas…
Panachage encore avec la «nouvelle» catégorie des gamaret, garanoir, mara «in purezza», avec cinq gamarets (au moins…), dont deux élaborés outre-Raspille, le 2019 de la Cave Germanus à Sankt-German (VS) et Les Bernunes 2019 de Chez Violaine à Salquenen, face à un fribourgeois, le 2018 du Vully de l’Etat de Fribourg, vinifié par Christian Vessaz, le 2018 du Domaine des Curiades à Lully (GE), et deux vaudois, le Lavaux 2018 de J&M Dizerens et, sans pedigree de cépage, le Bougy 2018 du Domaine de Fischer.
Aucun merlot tessinois en finale!
Grosse surprise, ensuite, avec les merlots : aucun vin tessinois ! Cela doit être une première en 14 éditions du GPVS et un match Vaud-Valais, trois contre trois. Le Bernardin Collection Bernard Ravet 2017 élaboré par La Cave de La Côte, un autre 2017, des Celliers du Chablais, à Aigle, et Ma mère m’a dit 2018 de la Cave de la Rose d’Or, de Luins (VD), face à trois producteurs valaisans bien connus, le 2018 de la Cave Saint-Philippe, à Salquenen comme le Nadia Mathier 2017, de Diego Mathier, le multiple récidiviste «cave de l’année» (et même «de la décennie» précédente…), et le 2019 Les Ormoz, de Jean-Louis Mathieu, à Chalais.
Deux catégories rouges 100% valaisannes
Les douze autres rouges sont tous valaisans ! Dans les «autres cépages rouges purs», face à trois syrahs, trois cornalins, tous 2019, Les Empereurs, de la Cave La Romaine, à Flanthey, celui de Defayes-Crettenand, à Leytron, et le Valais d’Or de Maurice Gay SA, à Chamoson, société du groupe Schenk, comme la Cave Saint-Pierre SA, qui place sa Syrah Réserve des Administrateurs 2018, la syrah 2017 de Diego Mathier, et Velours d’enfer 2018 de, coucou la revoilà, la Cave des Amis de Fully.
Même scénario valaiso-valaisan dans les assemblages rouges, avec, à nouveau, Diego Mathier, cette fois avec la Cuvée rouge Rosmarie Mathier 2018, l’Hommage 2019 de Leukersonne, à Susten, le8Noir de Noir 2018 de la Cave du Paradis, Olivier Rothen, à Sierre, le Virya 2018, de la Cave La Colombe, à Erde, l’Or noir 2018 de la Cave l’Orpailleur, Frédéric Dumoulin, à Uvrier, et le Grand Rouge 2019 du Domaine de Châteauneuf, appartenant à l’Etat du Valais.
Enfin, dernière catégorie, celle des «bulles», avec un autre domaine cantonal, celui de la République et canton de Genève, pour un blanc de noir. Les Genevois font fort, avec un Baccarat brut rosé de la Cave de Genève (qui a remporté le Sanglier du vin genevois le mieux noté de la Sélection cantonale) et un Brut d’Altesse 2017 du Domaine de la Mermière, à Soral, face à un tessinois, le Godié de Trapletti, qui a misé sur plusieurs mousseux depuis qu’il a construit une nouvelle cave à Coldrerio, et deux millésimés de… 2014, le Brut du Valais en blanc de blancs de la Cave du Tunnel – Germanier à Conthey et la cuvée Louis-Edouard Mauler, de Mauler à Môtiers (NE).
Reste donc à redéguster ces vins pour dessiner les podiums, les meilleurs vins rouge et blanc, le meilleur bio, la cave «découverte» de l’année et, finalement, la «Cave de l’Année». Verdict à fin octobre, à Berne…
©thomasvino.ch