Bonne bouche: Pour oublier la Provence !
Dans le verre, le souvenir de chaudes soirées au bord de la belle bleue, avec un reflet de coucher de soleil en prime. Un sondage, mené l’an passé par le centre de compétences vitivinicoles de Changins, a confirmé ces clichés. Mais prouve aussi que les Suisses sont prêts à boire des rosés indigènes, que les vignerons d’ici ont laissés en marge. Pourtant, les rosés représentent près de 10% de la consommation suisse (et mondiale) de vins.
L’étude montre aussi que Neuchâtel s’en tire bien, en matière d’image, grâce à l’œil-de-perdrix. Ce terme désigne, pour toute la Suisse, le vin tiré du pinot noir peu cuvé, auquel on peut ajouter 10% d’autres pinots (gris ou blanc). Ce domaine de 5 hectares, sur les hauts d’Auvernier a pris le nom d’un outil de tonnelier, ce «bouvet-jabloir» qu’utilisait le grand-père des frères Alexandre et Dimitri Colomb. Ils ne manquent pas de dynamisme : l’année est rythmée par les sorties de cuvées, annoncées sur les réseaux sociaux. Ce deuxième millésime de L’Estival risque donc d’être épuisé, même en magnum… et vous devrez vous rabattre sur l’œil-de-perdrix, plus classique, fût-il en pot de 50 cl.. Mais le prix est identique pour l’élégant flacon de 75 cl de l’un ou l’autre vin, tirés à 100% d’une même parcelle de pinot noir de jeunes vignes, «Le champ du four», «parce qu’il y fait très chaud l’été». Si L’Estival est plus pâle, avec un reflet orangé plus discret, c’est parce que les peaux du pinot n’ont été en contact avec le jus (blanc) que durant quatre heures, contre douze de macération pour le classique, avant pressurage (et j’ai bien apprécié cet œil-de-perdrix plus traditionnel!)
L’Estival, à l’attaque techno banane-litchi-rhubarbe, correspond à la définition du rosé des «sondés» de Changins : «simple, léger, fun et festif, qu’on ne consomme que l’été». Avec un glaçon, une feuille de menthe, ou des petits fruits rouges? C’est Dimitri Colomb, ancien de l’Ecole hôtelière de Lausanne et sommelier diplômé, qui le suggère…
L’étiquette : L’Estival 2020
Le prix : 18 fr./75 cl – 44 fr./150 cl
L’adresse: https://bouvet-jabloir.ch
Paru dans encore!, en français et en allemand, supplément du Matin-Dimanche et de la Sonntagszeitung, du 23 mai 2021.
©thomasvino.ch