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Posted on 17 novembre 2021 in Tendance

Vin suisse : un «vin-ventaire» 2021

Vin suisse : un «vin-ventaire» 2021

A l’occasion de la journée du vignoble des vignerons vaudois, le 11 novembre à Perroy, les orateurs du jour ont fait le tour de la question vitivinicole. Abécédaire des sujets abordés…

Par Pierre Thomas

A comme AOP

Le secrétaire de la Fédération vaudoise des vignerons (FVV), Philippe Herminjard, assure que les Vaudois, qui avaient ouvert un chantier de réflexion autour de l’application en Suisse des normes européennes AOP-IGP, sont au point mort. Les groupes de travail n’ont rien produit… alors qu’il s’agirait de «ne pas être surpris» par les propositions de Berne, certes renvoyées aux calendes fédérales par l’enterrement de la politique agricole PA 22 +.

C comme Contrôle de cave

Les vignerons sont fâchés d’être astreint au contrôle de cave de l’organisme idoine qui, désormais, s’occupe de toute la branche, grands et petits, importateurs et producteur locaux. Des vignerons ont déposé des recours de cas en cas et ces actes juridiques bloqueraient, jusqu’à droit connu, une simplification. Les tarifs de ce contrôle sont aussi jugés prohibitifs : le président de la Fédération suisse des vignerons, le conseiller national libéral libéral-radical Frédéric Borloz, dit aux Vaudois de s’adresser au canton… Soit, sans doute, à lui-même, puisqu’il est en lice pour accéder au Conseil d’Etat, et pourrait succéder le 1er juillet 2022 à Philippe Leuba.

C comme Coupage

L’idée d’autoriser sur le millésime 2021 un coupage de 25% avec un autre millésime a été abandonnée. La norme reste de 15% pour les vins AOC (également en vigueur en Europe).

D comme Déclassement

Le renouvellement d’une aide financière au déclassement (rappel : 7,5 millions de litres de vins AOC transformés en vin de table en 2020) permettrait à ces vins de table d’accéder aux mélanges à fondue, pour des fabricants à la poursuite du «swissness»…

D comme Durable

L’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) a ouvert un atelier «vin suisse durable». Il entend établir une «norme nationale facile à communiquer et permettant une large participation des vignerons». Cinq axes sont explorés : promotion de la biodiversité du vignoble, réduction des résidus de pesticides dans le vin, réduction de l’impact des produits phytosanitaires, promotion des PIWI dans les AOC, amélioration de l’analyse du cycle de vie (emballage durable, etc.). En France, le label HVE (haute valeur environnementale) est très contesté, notamment par les viticulteurs bio, qui y voient une forme de «greenwashing».

E comme Escargot rouge

Les deux gammes d’Escargot rouge, le «nouveau» vin rouge vaudois AOC, un assemblage en cuve, «fruité et rond», avec un taux de sucre résiduel relativement important, dans sa version «Original», et plus sec et élevé en barriques, dans sa version «Sélection», ont été lancées le 1er septembre, puis dans la grande distribution à mi-novembre. Benjamin Gehrig, directeur de l’OVV, assure que 200’000 bouteilles auront été mises en marché d’ici fin 2021, élaboré par une quarantaine de vignerons. La Cave de La Côte et Schenk ont fourni à Coop 40’000 flacons de Helix («Original»), sous la raison sociale de L’Echanson SA à Rolle, à mi-novembre.

I comme Importation

La tentation protectionniste, fût-elle modérée, est toujours très présente dans le milieu. Les «jeunes Turcs», réunis autour d’Alexandre Fischer, étudient le lancement d’une initiative populaire fédérale pour 2022. Pour le conseiller national Frédéric Borloz, il faut «oublier» la voie parlementaire, avec, à la clé, la réponse toujours négative du Conseil fédéral, qui n’entend pas remettre en question les accords internationaux. Reste qu’administrativement, il serait peut-être possible de privilégier dans l’importation ceux qui vendent des vins suisses. Et d’intégrer les mousseux importés dans le contingent, avec une compensation interne, en abandonnant la surtaxe qui frappe l’importation de ces mêmes mousseux en Suisse.

L comme Loi fédérale à modifier

La «réserve climatique» eût été bien utile en 2021… à condition d’avoir été constituée sur les trois années précédentes! Cet outil de gestion de l’offre, pour compenser une année quantitativement faible, se heurte à un obstacle juridique : il faudrait modifier la loi fédérale agricole, donc passer par les Chambres, alors que la PA 22+ a été abandonnée…

M comme Mildiou

Le vignoble suisse s’est laissé surprendre par «une explosion» sans précédent (depuis 1951…) de mildiou : pluie et chaleur (relative) l’ont favorisé durant tout l’été. Six traitements sont nécessaires en année normale. Le réseau de 18 stations météo aurait permis d’anticiper les attaques pour faire les traitements au juste moment… souvent le week-end, observe un vigneron ! Les traitements en suivant le calendrier n’ont pas fonctionné «quel que soit le produit utilisé», a souligné Olivier Viret. Signe positif : le mildiou «ne repart jamais d’année en année». Jusqu’ici, les pertes pour cause de mildiou ne sont pas assurables et ne donne pas droit à une indemnisation (malgré l’existence d’un fonds fédéral pour accidents naturels).

P comme Promotion

SWP, dirigé par le Vaudois Nicolas Joss, a obtenu un million de rallonge (soit 4 au lieu de 3) pour cause de pandémie. Ce million supplémentaire pourrait être acquis durablement… Des tractations sont en cours avec le Conseil fédéral. Rappel : ce subside fédéral est accordé à condition que la branche mette des fonds propres à égalité. L’exportation reste une voie à intensifier, qui permet la «valorisation du produit»… aux yeux des consommateurs suisses, flattés d’une telle reconnaissance extérieure.

R comme Récolte

Peu de chiffres encore sur la récolte: on s’attend à une vingtaine de millions de litres , tout comme en Valais, encore plus touché par le gel, puis le mildiou et la grêle. Les vignerons vaudois, a dit leur président, François Montet, ont «pu limiter les pertes au prix d’efforts hors du commun». (…) Heureusement, dès la mi-août, la météo a été propice à la maturation et c’est une récolte 2021 d’une qualité magnifique qui est rentrée dans les caves vaudoises».

R comme Relance

Le conseiller d’Etat Philippe Leuba, qui quittera le Gouvernement en été 2022, a demandé à la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois (CIVV) de fournir «une stratégie permettant la relance de l’économie viticole vaudoise». Le comité de la CIVV, présidé par l’économiste Olivier Mark (et président de JardinSuisse), a envoyé à l’Etat à fin octobre 2021 un catalogue de 27 mesures, réparties en quatre axes : maîtrise et lissage de la production, réduction de l’impact environnemental, favoriser les circuits courts et collaborer avec des branches connexes (tourisme et œnotourisme), promotion et valorisation des vins vaudois. Philippe Leuba a dit qu’il s’agira de mettre au point une «politique intercantonale» pour éviter des transferts de l’offre.

S comme Schenk

Le nom du plus gros encaveur de Suisse n’a pas été prononcé: mais à un jet de grappe de Perroy, les oreilles des dirigeants rollots ont dû siffler… La Fédération vaudoise des vignerons a protesté contre l’envoi — trop tardif, selon elle —, en avril, d’une lettre informant plusieurs dizaines de fournisseurs que Schenk ne prendrait pas en charge leurs raisins, désormais. Ensuite, dans certains cas, compte tenu de la petite récolte, le groupe est revenu en arrière. En automne, Schenk a confirmé remettre en selle les installations et la marque Testuz, au cœur de Lavaux.

T comme Taxe… incitative

Et si le système des «accises», cher aux Anglais et aux Belges, notamment, s’appliquait à la Suisse, comme on l’avait suggéré il y a quelques années? Le président (tessinois), Bruno Bonfanti, de l’Association suisse du commerce des vins, a proposé une telle «taxe» de quelques centimes qui serait perçue sur tous les vins, pour encourager la promotion… Au départ l’idée était de faire profiter le tiers des vins suisses des deux tiers des vins étrangers consommés, mais cette «taxe», finalement, servirait à soutenir le vin, de quelle que provenance que ce soit, face à la concurrence des autres breuvages… 0,5 ct par litre x 270 mios de consommation ferait tout de même 13,5 mio, soit plus de 3 fois la somme allouée par Berne à la promotion des vins suisses.

V comme «vendange en vert»

Comment régler en cours d’année le volume de la future vendange? L’idée a germé, à Berne, d’encourager financièrement ceux qui procèderaient à une «vendange en vert», soit couper des grappes pour diminuer la récolte à venir. Les Vaudois y sont opposés.

V comme vignoble vaudois

Le vignoble vaudois compte, en 2021, 1442 exploitants, pour 475 encaveurs, et près de 20’000 parcelles géo-référencées (19338).

©thomasvino.ch