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Posted on 10 novembre 2022 in Actus - News

Plan de relance des vins vaudois :  25 millions de francs injectés sur 5 ans

Plan de relance des vins vaudois : 25 millions de francs injectés sur 5 ans

On connaissait les grands traits du «plan de relance» de la vitiviniculture vaudoise. La conseillère d’Etat Valérie Dittli a précisé les sommes injectées à l’assemblée de la Fédération vigneronne vaudoise (FVV), à Bonvillars, le 10 novembre 2022. Ces 25 millions sur 5 ans seront distillé sous bonne garde : la jeune ministre de l’agriculture et de la viticulture est aussi celle des finances !

Pierre Thomas

Sur ces 25 millions, un peu moins de la moitié sont des «dépenses nouvelles». Le dossier avait été lancé dans sa dernière ligne droite par Philippe Leuba, 15 ans ministre de la viticulture, avant sa retraite du Conseil d’Etat, en juin dernier. Il qualifiait ce plan de «donnant, donnant». Le nouveau président de la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois, Olivier Mark, qui l’a négocié, préfère désormais parler de plan de relance «gagnant, gagnant».

Du bio parcellaire au chantier des AOC-AOP

Ce plan s’articule sur quatre volets dès 2023. Primo, le plan phytosanitaire cantonal est enrichi de 0,5 million de francs (soit le double de ce qui était prévu). Il octroyera des contributions pour le «bio parcellaire», qui ne donne accès à aucun label, mais va dans le sens de «l’attente des consommateurs». Secondo, 2 millions de francs serviront à une aide d’investissement «durable» dans les caves, «à fonds perdu», jusqu’à un tiers de l’investissement prévu. Les vignerons seront ainsi traités comme les agriculteurs, qui ont déjà accès à cette aide. Tertio, le plan vaudois sera assorti de l’étude d’un redécoupe des AOC (AOP), sous la direction d’un pilote, un chef de projet issu des milieux agricoles, mais pas viticoles.

Nommé le 14 novembre 2021, l’ingénieur agronome Martin Pidoux procèdera à une analyse de la situation et consultera les «lieux de production», sans qu’aucune décision ne soit prise en 2023… Quarto, le budget de l’Office des vins vaudois (OVV), intégré dans la stratégie de relance, sera doublé, passant de 3 à 6 millions de francs, une moitié par le biais de la taxe payée par la profession, l’autre par un fonds viticole en sommeil et la trésorerie de l’Etat. Le but est de «trouver des nouveaux clients, surtout en Suisse alémanique».

Des chiffres vaudois en demi-teinte

Au total, ce sont 5,8 millions supplémentaires qui seront injectés en 2023. Les chiffres clés de la viticulture vaudoise rappellent que le secteur compte pour 25% dans le produit intérieur brut agricole cantonal, à travers 1370 entreprises, dont 450 encaveurs.

En érosion régulière ces dernières années, la part des vins vaudois est de 8% dans la consommation suisse, où les vins indigènes ne représentent plus que 35% (le reste étant des vins importés). Le vignoble vaudois, 2ème du pays (derrière le Valais), est le plus important en blanc, sur 65% de la surface, qui représente 40% de l’encépagement blanc suisse, à dominante chasselas. Mais il représente 25% de la production labellisée bio en Suisse, soit le 1er rang en surface. il représente 25% des raisins cultivés en bio en Suisse, soit le premier rang en surface. Mais pas en proportion, où Neuchâtel, avec 43% de vignes en bio à fin 2021, devance le lac de Bienne (39%) et le Vully (36%). Genève n’était qu’à 20%, Vaud à 15% et le Valais à 10%. Et les surfaces en bio ont encore augmenté en 2022, grâce à la sècheresse et à l’absence de maladies dans la vigne… au contraire de la calamiteuse 2021!

Une première étape sur le Net

Le plan de relance est programmé en trois étapes. La première s’ouvre d’ici la fin 2022 par la mise en ligne d’une plate-forme de vente, www.vaudvins.ch, promise depuis plusieurs mois, mais qui devrait être opérationnelle à la fin de l’année. Le projet retenu passe par une solution et un dépôt (à Orbe) centralisés, dont la logistique sera assurée par le Cellier de ProVino. La plateforme permettra de diffuser des vins vaudois dans les trois jours, par multiple de trois bouteilles.

Reste à connaître l’adhésion des producteurs, qui devront consentir des conditions de vente au tarif Horeca (moins 20% du prix de vente) pour passer par cette plate-forme, subventionnée par la production et l’Etat. L’OVV et le label Terravin pourront mener des opérations via ce site destiné au public. A cause de la pandémie, en 2020 surtout et moins en 2021, les ventes par Internet ont progressé en Suisse. Selon l’argumentaire du plan de relance, «la vente par Internet ne cannibalise pas les ventes des autres canaux, mais apporte une complémentarité». 35% des amateurs de vins achètent d’abord chez le producteur, et 25%, principalement des Romands, uniquement par ce canal. Encore faudra-t-il convaincre les vignerons qui ont déjà un site Internet de vente directe de rejoindre la plate-forme centralisée…

Des millions en espérance à Berne

Ce plan vaudois pourrait être complété par des mesures fédérales, a expliqué le conseiller national fribourgeois Jacques Bourgeois, nouveau président de la Fédération suisse des vignerons, où il succède au Vaudois Frédéric Borloz, «aspiré» par le Conseil d’Etat vaudois (où il a repris le département de l’instruction publique). Il est question de réorganiser une Interprofession suisse de la vigne et du vin (ISVV). L’actuelle structure ne comprend que la production. L’Association suisse du commerce des vins (ASCV, 200 membres, 70% des commerçants) la rejoindrait, faisant passer le budget à plus de 7 millions de francs (0,68 million de francs à charge de la production, 0,73 à charge de l’encavage et 5,7 à charge du commerce). Ces nouveaux moyens assureraient une «solidarité» de la branche, notamment avec des moyens rapides en cas de crise.

Autre idée en voie de pérennisation à Berne : celle de tripler l’aide fédérale accordée à Swiss Wine Promotion, qui passerait de 2,8 à 9 millions de francs par an. Des projets pour 18 millions de francs par an pourraient en bénéficier, à raison de 50% financé par la branche et 50% par la Confédération. Cette somme équivaut à celle que l’Italie, premier pays d’importation (qui devrait dépasser les vins suisses dans la consommation, après la petite année 2021 (– 30% de production), investit chaque année pour la promotion de ses vins en Suisse, selon M. Bourgeois.

Cette aide à Swiss Wine serait pérennisée par un poste inscrit au budget annuel ordinaire de la Confédération. Une commission du Conseil national vient d’en accepter le principe, mais d’autres commissions, du National puis du Conseil des Etats, et, enfin, le plénum, doivent encore se prononcer…

Si les Chambres ont accepté le budget 2023 avec la rallonge, début janvier 2023, la commission des États n’a pas adhéré à la pérennisation. Pas plus qu’au principe de la «réserve climatique». Celle-ci devrait permettre de mieux «lisser» la production entre les millésimes, en permettant une vendange plus généreuse les bonnes années, située entre les quotas cantonaux et les quotas fédéraux, et débloquée une année défavorable.

Enfin, le projet d’un label de «Vin suisse durable» est en discussion. La Suisse parviendra-t-elle à éviter les débats sur la très controversée HVE (Haute valeur environnementale) que connaît la France? Des projets-pilotes vont être désignés par Agridea.

Actualisé le 20 janvier 2023.

©thomasvino.ch