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Posted on 15 décembre 2011 in Tendance

Les enjeux économiques du vin suisse en 2011

Les enjeux économiques du vin suisse en 2011

Prix du raisin réellement payé

Provins-Valais calme le jeu

En Valais, le prix de base du solde de la vendange 2010 a fait des vagues, après les vendanges 2011, puisque le cycle de paiement par acomptes court sur une année. Provins-Valais, qui représente un quart de la vendange valaisanne, calme le jeu et va verser 75% du premier acompte 2011 aux vignerons professionnels qui lui livrent du raisin.
Par Pierre Thomas
En Valais, il existe un important marché de vrac entre producteurs et négociants. Ces dernières années, ces échanges traditionnels se sont modifiés, avec l’arrivée de nouveaux acteurs (Giroud Vins) et la perte d’importance d’autres (Robert Gilliard), qui essaient de reprendre la main. Sur fond de polémique, les uns et les autres essaient de tirer la couverture à eux. La publication de l’échelle des paiements de base du dernier acompte 2010 de Provins-Valais (voir le blog du journaliste Paul Vetter) a relancé le débat.
2011 au même prix que 2010
La grande coopérative — plus grand encaveur de Suisse — assure que les prix du 2011, «qui seront affinés courant 2012 (…) correspondent aux prix payés pour la vendange 2010» — ce qui ne paraît pas une nouvelle particulièrement réjouissante, si l’on s’en tient au motif de la polémique! La coopérative se défend en disant «réfléchir à une nouvelle formule attractive de rémunération de la vendange de ses sociétaires». Elle affirme que «limiter l’analyse de la rémunération de la vendange au prix de base annoncé par l’encaveur est trompeur». D’une part, Provins paie des primes additionnelles en fonction de la qualité du raisin et, à l’inverse, à une échelle dégressive moins pénalisante.
Surtout, la coopérative ne pratique pas de déclassements volontaires partiels sur le pinot et le gamay «contrairement à la pratique courante». Sous-entendu, certains négociants paient mieux, mais moins. Soit 1 kg de gamay ou de pinot livré chez eux; mais comme il est possible de produire 1,2 kg de rouge, où va le restant? Sans doute sur un marché gris parallèle, fléau dont on parle régulièrement pour le Valais…
Le Valais aux quotas fédéraux
Faut-il alors limiter les rendements? Provins répond qu’à l’interne, ce serait défavorable au viticulteur-livreur, par rapport aux vignerons-encaveurs.
Depuis plusieurs années, les Valaisans ne sont pas parvenus à s’entendre sur des quotas inférieurs aux quotas fédéraux, pour les cépages principaux (chasselas, pinot, gamay, soit trois quarts de la vendange), qui restent à 1,2 kg au m2 pour les rouges et 1,4 kg pour les blancs, des valeurs qui n’ont pas bougé depuis exactement 20 ans (1991).
On relèvera que les Vaudois adoptent chaque année une échelle de quotas, région (désormais appellation) par région, légèrement inférieure à ces minimas fédéraux globaux. Les Vaudois disposent aussi d’un instrument, le «blocage financement», qui permet aux encaveurs d’obtenir des crédits à condition que le vin mis en gage ne soit pas mis sur le marché, un instrument dont les Valaisans ne disposent pas.
Quelle offre pour quelle demande?
La question demeure d’adapter l’offre à la demande: Provins remarque qu’il serait faux de réduire l’équation aux volumes de vins valaisans à commercialiser. Même dans un marché en vase clos, où l’exportation joue un rôle négligeable (1% à 2%), les producteurs suisses espèrent toujours gagner des parts de marché sur les vins étrangers bus en Suisse (62% de la consommation en 2010). Sans compter la compétivité entre les régions de production…
Si les quotas ne sont pas reserrés, il reste d’autres outils pour réguler l’offre. Ces dernières années, de grandes régions comme le Chianti et la Rioja ont dû en passer par là, en appliquant un «plafond limite de commercialisation» : les années où on produit beaucoup, une partie des vins ne peuvent être mis sur le marché et sont mis en réserve pour des années à rendement moindre. Provins-Valais n’y croit pas: «à chaque fois, les solutions proposées étaient soient inapplicabvles, soit incontrôlables et nécessitaient un tel système de contrôle que le rapport coût/bénéfice devenait négatif».
Un climat économique lourd en 2012
2011 devrait être une année où la production suisse est relativement importante: on parle désormais de 108 millions de litres, soit un peu moins de 5% de plus par rapport à 2010 (103 millions de litres). C’est moins que prévu début novembre… En 2010, la consommation des vins blancs suisses avait augmenté de 2% et celle des vins rouges, de 4,2%, compensant en partie la baisse de la consommation constatée sur l’exercice 2009. Et en 2012? Liées au franc fort, l’attractivité des vins étrangers, pour autant que la baisse de l’euro soit répercutée sur les prix payés par les consommateurs, et la baisse du tourisme étranger risquent de mettre à mal ces statistiques, rendues publiques pas avant avril prochain.
©thomasvino.com