Bonne bouche: noblesse de l’altesse
Lorsqu’une grande partie du pays de Vaud appartenait aux Etats de Savoie, avant la conquête par les Bernois en 1536 (et jusqu’en 1798), il est vraisemblable que les cépages aujourd’hui présents sur territoire français, au sud du Léman, l’aient été sur la rive nord… Avant la généralisation du chasselas sur La Côte (vaudoise), la mondeuse noire, en rouge, et l’altesse, en blanc, devaient avoir la part belle. La première s’est avérée par trop rustique, mais elle retrouve un gain d’intérêt. Et, au 20ème siècle, les deux étaient trop peu productives pour résister au chasselas et au gamay, plus généreux en rendement.
Aujourd’hui, dans le vignoble vaudois, pour mille ceps de chasselas, il n’existe qu’un seul pied d’altesse, aux trois quarts plantés entre Morges et Nyon, soit sur 3 hectares. Celle-ci, vinifiée par Hammel, à Rolle, vient du Château de Trévelin, à Aubonne. C’est le quatrième millésime mis sur le marché. Dans une belle bouteille, elle offre une robe dorée. Au nez, on perçoit le miel d’acacia. En bouche, elle est à la fois vive et ample, grasse, avec des saveurs de fruits jaunes et une note d’amande amère en finale. Pour Charles Rolaz, à la tête de Hammel, «son acidité est mûre et pas verte et elle vieillit admirablement».
Si elle est cultivée en production intégrée à Trévelin, elle vient d’être plantée par Hammel au Château Pictet-Lullin, à Dully (La Côte) et au Domaine du Montet (à Bex), où elle sera travaillée en bio. «Grâce à son PH très bas, elle offre de l’intérêt en vinification naturelle», commente Charles Rolaz. Un élevage entre neuf et douze mois en fûts de plusieurs passages d’un litrage (350 litres) supérieur à la barrique lui permet de «respirer» durant l’élevage. A table, l’altesse tient son rang sur de nombreux plats, comme des poissons en beurre blanc ou en sauce.
A noter que le chasselas 2019 du Domaine de Trévelin a obtenu une médaille d’or au Mondial du Chasselas 2020, à Aigle.
L’étiquette : Altesse 2018, Grand Cru, Château de Trévelin
Le prix : 16,60 fr.
L’adresse : www.hammel.ch
Paru dans encore! le 4 juillet 2020 — Photo © Martine Dutruit
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